Espace : La mission Dragonfly vers Titan est confirmée

C’est parti pour Titan. La mission Dragonfly de la Nasa passe dans sa phase suivante.
Article rédigé par franceinfo - Mathilde Fontez
Radio France
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Temps de lecture : 4min
La mission Dragonfly pour explorer la surface de Titan, une lune de Saturne, est confirmée. Illustration de l'artiste Adrian Mann. (ALL ABOUT SPACE MAGAZINE / FUTURE VIA GETTY IMAGES)

Mathilde Fontez, rédactrice en chef au magazine scientifique Epsiloon évoque une mission spatiale qui sera l'une des plus impressionnantes de ces prochaines années : la mission Dragonfly, vient d’être confirmée par la Nasa.

franceinfo : La mission Dragonfly ira explorer Titan, l’une des lunes de Saturne ?

Mathilde Fontez : Oui, ça y est, le calendrier a été confirmé il y a quelques jours par la Nasa, après de nombreux reports, des incertitudes de budget. La mission s’appelle Dragonfly, et elle décollera en 2028, en direction de Titan, l’une des lunes de la géante gazeuse Saturne. Et oui, c’est une mission ambitieuse. 

D’abord parce qu’il s’agit d’un drone volant – dragonfly, ça veut dire libellule – c’est une sorte d’hélicoptère de 450 kilos qui est en train d’être conçu pour explorer Titan. Dragonfly volera avec huit rotors, comme un gros drone. Il pourra parcourir des dizaines de kilomètres en une heure. Ce sera seulement le deuxième engin à voler dans une atmosphère extraterrestre, après l’hélicoptère Ingenuity, qui est actuellement sur Mars. 

Sauf que Dragonfly sera 6 fois plus loin de la Terre : Titan, c’est à 1,3 million de kilomètres de notre planète – en moyenne. Il faudra 6 ans à la sonde pour l’atteindre. Elle arrivera en 2034… 

Dragonfly va donc étudier cette lune ? 

Pour analyser son atmosphère, pour mesurer ses vents, pour prendre des images de ses lacs, de ses dunes. Oui, il y a des lacs et des dunes sur Titan : ce satellite est bien différent de notre satellite à nous, la Lune : c’est un monde très riche, qui passionne les spécialistes des environnements planétaires.  

De l’extérieur, c’est une grosse boule jaune orange : Titan est enveloppé dans une atmosphère opaque – 4 fois plus épaisse que celle de la Terre – ce qui devrait d’ailleurs être un avantage pour Dragonfly pour voler. Mais sous les brumes, c’est une véritable petite planète, très froide : -170 degrés. Ce n’est donc pas de l’eau qui coule à la surface de Titan, mais du méthane. 

C’est un autre exemple de météorologie, de climat, de géologie complexe, très différent de la Terre. On sait par exemple qu’il y a tout un cycle du méthane sur Titan, comme il y a un cycle de l’eau sur notre planète. Il y a des vents, des tempêtes, des pluies… 

Une seule sonde s’est déjà posée sur Titan ?

Oui, ce satellite a déjà été beaucoup observé de l’extérieur, en particulier par la mission Cassini, qui a fait 127 survols rapprochés entre 2004 et 2017. Et en 2005, la sonde Huygens, conçue par l’Agence spatiale européenne, s’est décrochée de Cassini pour descendre sur le satellite, ralentie par un parachute. C’est Huygens qui a pris les seules images de la surface de Titan. Mais il n’a survécu que 90 minutes. 

Dragonfly devrait prendre beaucoup plus d’images, et surtout mener des analyses chimiques. Car ce méthane, ces molécules organiques sur Titan, ce sont les briques de base de la vie. Étudier les réactions chimiques sur ce satellite, cela pourrait permettre de comprendre ce qu’est un monde habitable, quels sont les processus chimiques qui mènent au développement de la vie… Une autre chimie, un autre monde, exotique. 

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