Faire monter et descendre une masse pour créer de l'énergie

Utiliser le solaire ou l'éolien pour mettre en oeuvre une énergie secondaire que l'on peut stocker : voilà le principe des batterie gravitaires.
Article rédigé par franceinfo - Hervé Poirier
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
llustration du concept d’énergie gravitaire : la hauteur, par rapport à la force, détermine la quantité d’énergie stockée. (ROBERT BROOK / SCIENCE PHOTO LIBRA / AFP)

Le Billet sciences week-end nous fait découvrir une manière tout à fait inédite de fabriquer de l'énergie. Procédé pourtant connu depuis longtemps, mais qui connaît un essor particulier en ce moment. Explications, avec Hervé Poirier, rédacteur en chef au magazine Epsiloon.

franceinfo : Il est question ici de la batterie gravitaire. Quel est ce concept ?

Hervé Poirier : Le nom évoque des technologies dignes de la science-fiction ; la réalité est bien plus terre à terre. Vous avez de l’énergie en trop, issue d’une éolienne ou d’un panneau solaire ? Eh bien utilisez-la pour faire monter une masse en hauteur. Il vous suffira ensuite de la faire redescendre pour récupérer l’énergie stockée, avec une efficacité de l’ordre de 80 à 90%. Cette idée enfantine n’est pas nouvelle. Il y a plus de cent ans, a été construite en France la première station de transfert d’énergie par pompage, avec deux bassins situés l’un au-dessus de l’autre : l’énergie est stockée en pompant l’eau du bassin inférieur vers le supérieur, et restituée en relâchant cette eau à travers une turbine – une sorte de barrage hydraulique en circuit fermé. Aujourd’hui, ces batteries gravitaires ont vraiment le vent en poupe. En Chine, au nord de Shangaï, vient par exemple de se construire un gigantesque cube métallique de 35 étages, au sein duquel ne circulent que des ascenseurs de trente tonnes, qui montent et qui descendent, orchestrés par un algorithme central. C’est une énorme batterie gravitaire de 100 mégawattheures, l’équivalent de 25 millions de piles AA classiques !

Existe-t-il beaucoup de projets comme celui-là ?

Oui. En Chine, six autres méga batteries gravitaires encore plus puissantes sont en commande. En Australie, une giga station de pompage, d’une capacité équivalente à l’énergie consommée par tous les Français en une journée, est en chantier. Dans le Nevada, un système de wagons tirés sur des rails en pente est à l’étude. Et en Finlande, en Pologne, en République tchèque, ce sont des mines abandonnées où pourraient descendre et monter des blocs de milliers de tonnes – ce qui représente des quantités phénoménales d’énergie.

Pourquoi cet engouement ?

Parce que cette technologie est parfaitement adaptée au solaire et à l’éolien, en plein développement. Le gravitaire, c’est mieux que l’électrochimie des batteries classiques – ça ne se décharge pas, c’est plus écologique, moins cher, plus réactif, plus modulaire… Si les projets qui sont actuellement construits ou à l’étude sont des succès, la plus importante technologie de stockage d’énergie sera peut-être, à l'avenir, la plus simple de toute : faire juste monter et descendre une masse.

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