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Finalement, nous ne sommes pas si optimistes

Nous pensons souvent que nous avons tendance à être optimiste. À croire que les choses vont s'arranger même quand on nous donne une information qui nous dit le contraire. Mais une étude récente tend à minorer cet optimisme.

Article rédigé par franceinfo - Mathilde Fontez
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Notre cerveau nous ferait croire que nous sommes optimistes ? Alors que ce n'est pas vraiment le cas ? (Illustration) (DRAFTER123 / DIGITAL VISION VECTORS / GETTY IMAGES)

Dans Le billet science du weekend aujourd'hui avec Mathilde Fontez, rédactrice en chef du nouveau magazine scientifique Epsiloonon parle… de nous.

franceinfo : Alors que d'une manière générale, nous avons tendance à être optimistes, à penser que tout va toujours bien se passer, une étude montre que ce n’est pas le cas...

Mathilde Fontez : C’était pourtant une idée bien installée en psychologie. Un biais, comme on dit. Le biais d’optimisme. Jusque-là, les spécialistes avaient montré que nous avons tendance – en moyenne évidemment – à surestimer nos chances de succès. À penser que tout va bien se passer. Et ceci, même quand on nous donne une information qui nous dit le contraire !

Exemple, quand on évalue ses chances de divorcer, on les fixe – toujours en moyenne – autour des 5%. Et même quand on nous dit que 45% des mariages finissent en divorce, on garde les 5%, à peu de choses près. En gros, on se dit : "Ça ne va pas m’arriver à moi". Sauf que ce biais d’optimisme, une équipe de chercheurs anglais vient de montrer qu’en fait, il n’existe pas.

Alors nous sommes pessimistes ?

Ni pessimistes, ni optimistes en fait. Nous sommes simplement attachés à nos convictions. On rechigne à mettre à jour nos croyances. Pour le montrer, les chercheurs ont tout simplement reproduit les tests qui prouvaient le biais d’optimisme, mais avec des questions neutres.

Par exemple : combien allez-vous voir de voitures noires dans la rue aujourd’hui ? Quelles chances avez-vous d’avoir un accident en voiture ce mois-ci ? Et ils se sont aperçus que les gens réagissent exactement de la même façon. Ils ne sont pas optimistes. Ils ne sont pas pessimistes. Simplement, ils ne ré-implémentent pas – ou peu – leur croyance à partir des statistiques réelles.

On préfère continuer de croire, qu’on nous annonce une bonne ou une mauvaise nouvelle…

C’est un peu ça oui. Et ça change tout en fait, cette prise de conscience. Parce que ce biais d’optimisme était si installé qu’il est pris en compte dans une foule de situations. On pensait qu’il participe, par exemple, à l’incapacité des fumeurs à arrêter : les autres auront un cancer, mais pas moi. Qu’il joue un rôle dans notre difficulté à changer nos habitudes pour lutter contre le réchauffement climatique.

On le prenait même en compte pour les grands projets, en supposant que les différents entrepreneurs vont surévaluer leur chance de tenir les délais. Cette étude, qui montre que le biais d’optimisme n’existe pas, pourrait donc avoir des conséquences pratiques : les stratégies pour nous aider à faire évoluer nos convictions ne sont pas les mêmes que celles pour lutter contre un optimisme généralisé.

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