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Ils ont inventé la peinture éternelle

C’est une vieille idée : faire de la peinture sans colorant, simplement en sculptant à l’échelle nanométrique la structure d’un matériau. C’est comme ça que font les papillons pour avoir des ailes si colorées. Des chimistes de l’Université de Floride ont réussi, pour la première fois, à la rendre crédible.
Article rédigé par franceinfo - Hervé Poirier
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Des pots de peinture structurelle, bientôt dans nos rayons de bricolage ? (Illustration extraite de l'étude des chimistes de l'Université de Floride) (SCIENCE.ORG)

Des chimistes de l'Université de Floride viennent de présenter les premiers pots de "peintures structurelles" : des peintures écolos (pas de colorant toxique), économes (il faut 100 fois moins de produit pour peindre une surface) et éternelles (elle ne se décolore pas en vieillissant). Les précisions d'Hervé Poirier, rédacteur en chef au magazine Epsiloon.

franceinfo : Des pots de peinture d’un nouveau genre, des pots de "peintures structurelles", de quoi s'agit-il ? 

Hervé Poirier : Ces petits pots de couleur bleue, rouge, jaune, présentés par des physiciens de l’Université de Floride, sont impressionnants. Car, contrairement aux peintures classiques, ce sont des peintures sans colorant. Elles ne contiennent pas de pigments, qui absorbent certaines longueurs d’onde spécifiques de la lumière. Dans ces nouveaux pots, la couleur est issue de la structure même de la matière. Ce sont des peintures dites "structurelles".

C’est comme ça que font les papillons pour avoir des ailes si colorées. Leurs écailles incolores sont en fait sculptées en des motifs réguliers, minuscules, nanométriques, qui piègent certaines longueurs d’onde. Et la lumière qui tombe dessus est renvoyée en un bleu métallique, un rouge flamboyant, un jaune lumineux. Cela fait des décennies que tout un tas de techniques sont étudiées pour tenter d’imiter le papillon – un cas emblématique de biomimétisme. Et les pots de peinture présentés en Floride, démontrent que l’on s’approche enfin d’une production industrielle.

Comment ça marche ?

C’est un peu technique, mais, en gros, dans ces peintures, outre le liant, il n’y a que de l’aluminium et de l’oxyde d’aluminium, qui ont été savamment bombardés d’électrons pour former des nanostructures. Des structures dont la taille peut être réglée de façon à ce que la lumière se réfléchisse dans la couleur voulue. C’est ce même procédé qui permet déjà de produire la seule peinture structurelle produite jusqu’ici industriellement, le "bleu Lexus", que les voitures de ce constructeur automobile arborent fièrement, depuis quelques années. Mais aujourd’hui, c’est toute la gamme des couleurs qui est concernée.

Et pourquoi c’est mieux que les peintures classiques ?

Ces peintures sont plus écologiques : il n’y a plus de pigments, dont les composés sont souvent toxiques. Elles sont aussi plus économes : on peut recouvrir une surface avec 400 fois moins de matière. Elles sont plus durables : elles ne se décolorent pas en vieillissant. Elles sont en plus auto-refroidissantes : en reflétant tout le spectre infrarouge, elles permettent une baisse d’1 et 3 °C par rapport à une peinture standard. Et puis, regardez les papillons : elles sont plus vives ! Bon, ce ne sont encore que des travaux de laboratoire. Mais ces pots de peinture structurelle semblent prêts pour bientôt envahir les magasins de bricolage. 

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