L’acné, c’est bon pour la santé
Avec Mathilde Fontez, rédactrice en chef au magazine scientifique Epsiloon, on parle de l’acné aujourd’hui, un mauvais souvenir pour beaucoup d’entre nous, dû à une bactérie qui colonie la peau.
franceinfo : Et cette bactérie se révèle aujourd’hui sous un nouveau jour ?
Mathilde Fontez : Oui, on pourrait avoir tendance à la détester, cette petite bactérie – Cutibacterium acnés, c’est son nom – c’est bien elle qui provoque les éruptions de boutons de l’adolescence, et parfois plus tard, quand elle parvient à s’immiscer dans nos follicules. C’est un tout petit organisme, vu au microscope, il ressemble un peu à un tic-tac, un minuscule bâtonnet légèrement courbé, qui grouille sur nos joues.
La bactérie la plus abondante sur notre peau, dont on essaie en général de se débarrasser, en frottant avec des savons, ou avec des traitements, elle avait bien sûr déjà été étudiée, mais une équipe de chercheurs franco-américaine a poussé plus loin, scrutant tout le cycle de vie de la bactérie. Et ce qu’ils trouvent, c’est qu’il faut en prendre soin finalement, de notre acné.
Elle est bénéfique pour la peau ?
Eh oui. L’acné travaille pour notre bien. Les chercheurs ont décrypté précisément les mécanismes par lesquels la bactérie modifie la composition de la surface de la peau, les substances qu’elle secrète, comment elle se nourrit. Cutibacterium acnés produit tout un cocktail de substances essentielles à la bonne santé de notre peau.
Des lipides – elle les multiplie par trois – comme des acides gras libres, le cholestérol, les triglycérides, les céramides, qui forment une barrière contre les agressions extérieures. Les bactéries acné aident à la régulation de la température, elles contrôlent la perte de l’eau, l’acidité de la peau.
Elles forment une barrière contre les bactéries pathogènes, par exemple le staphylocoque doré. Elles jouent un rôle anti-inflammatoire. Elles favorisent même la production d’un acide qui protège la peau contre les UVB. Et plus généralement, l’acné a une influence sur toute la communauté de bactéries qui siègent sur notre peau. C’est en quelque sorte elle, qui se trouve à la tête de notre microbiote – dont on sait que l’équilibre est crucial.
Mais alors, à quoi est due la maladie, les boutons ?
À une mauvaise communication entre l’hôte – nous – et la bactérie. Cutibacterium acnés a évolué avec nous. Nous vivons en symbiose, mais parfois, la relation dérape. Cette nouvelle étude, d’après les chercheurs, pourrait donner des clés pour mieux soigner cette inflammation, retrouver une bonne relation avec notre acné, mais sans l’éradiquer.
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