L’homme de Neandertal a cohabité avec nous pendant 7 000 ans

La rencontre entre Sapiens et Neandertal est datée. Les deux humanités ont cohabité pendant 7 000 ans, le mélange entre les deux espèces a commencé il y a 50 000 ans. Une série d’études génétiques retrace toute l’histoire.
Article rédigé par franceinfo - Mathilde Fontez
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Temps de lecture : 3min
Neandertal était là, en Asie, en Europe, depuis très longtemps avant nous, depuis 300 000 ans. Homo Sapiens a exploré tous les territoires du monde jusqu’à aujourd’hui, en gardant  dans ses chromosomes, 1 à 2%, des gènes transmis par Neandertal. Ils nous sont indispensables selon une nouvelle étude. (UNIVERSALIMAGESGROUP / UNIVERSAL IMAGES GROUP EDITORIAL VIA GETTY IMAGES)

Une équipe de chercheurs a pu donner des dates pour la rencontre entre nos ancêtres – Homo Sapiens – avec Homo Néandertal. Mathilde Fontez, rédactrice en chef au magazine Epsiloon, décrypte le travail de ces généticiens qui ont retracé leurs échanges.

franceinfo : Les premiers échanges remonteraient à 50 000 ans ?

Mathilde Fontez : 7 000 ans, c’est ce que trouvent ces chercheurs. Pendant 7 000 ans, nos ancêtres humains ont eu des échanges avec l’homme de Neandertal. Pendant 7 000 ans, les deux espèces se sont rencontrées, mélangées, ont formé des couples mixtes, ont donné naissance à des hybrides, des métisses. Bref, pendant 7 000 ans, les deux espèces ont co-évolué.

Les rencontres ont commencé il y a 47 000 ans, et elles ont duré jusqu’à la disparition de Neandertal. Et Homo Sapiens, lui, a poursuivi son expansion, explorant tous les territoires du monde, jusqu’à aujourd’hui, en gardant 1 à 2%, dans ses chromosomes, des gènes transmis par Neandertal.

C’est à partir de ces gènes qu’on a pu retracer la chronologie ?

Oui, les chercheurs ont remonté les flux de gènes. Ils ont comparé le génome d’humains modernes à ceux d’humains anciens : ils ont rassemblé les analyses de 59 individus qui ont vécu il y a plus de 2 200 ans, jusqu’à 45 000 ans pour les plus anciens.

C’est cette étude globale qui leur a permis de gagner en précision, par rapport aux datations déduites de toutes les traces archéologiques : les os de Neandertal, les outils, etc., et de reconstituer l’histoire : cette histoire d’amour entre deux espèces.

Y compris quand elle se passe mal : les zones de notre génome, dépourvues de gènes néandertaliens, montrent que certains caractères de Neandertal ont dû être mortels pour Sapiens : certains hybrides n’étaient pas viables. 70% du génome de Neandertal a été éliminé très rapidement, dans une sorte de loterie génétique.

Nous avons gardé beaucoup de Neandertal ?

Nous n’avons pas gardé son gros bourrelet sur le front, ni ses énormes muscles, ni ses très grands yeux, mais nous avons gardé son immunité, ses gènes protecteurs contre les parasites, les champignons. Mais aussi sa résistance aux ancêtres de la grippe A, de l’hépatite C, des coronavirus, sa capacité d’assimilation des lipides. La pigmentation de sa peau, adaptée au soleil du Nord, sa résistance contre le froid.

Neandertal était là, en Asie, en Europe, depuis très longtemps avant nous, depuis 300 000 ans. Il s’était habitué, génération après génération, à la rudesse du climat, aux microbes. Cette étude confirme qu’il nous a probablement aidés à nous adapter à notre tour, quand nous avons quitté l’Afrique pour nous aventurer au Nord. Sans cette histoire avec Neandertal, nous n’aurions peut-être pas survécu.

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