La civilisation maya révèle toute son ampleur
Avec Mathilde Fontez, rédactrice en chef au magazine Epsiloon, on part pour la jungle mexicaine, où des archéologues ont découvert une nouvelle cité maya, une cité immense.
franceinfo : Cette nouvelle cité maya aurait abrité jusqu’à 50.000 personnes à son apogée ?
Mathilde Fontez : Elle s’appelle Valeriana, c’est le nom que lui ont donné les archéologues qui viennent de la découvrir. Elle s’étalait sur près de 17 kilomètres carrés, au sud du Mexique actuel, au début de notre ère, entre 750 et 850 après JC. Le site regroupait 6700 structures architecturales : des pyramides, des temples, des places, des routes, des terrasses…
Toute une ville, toutes les caractéristiques d’une capitale maya. Une grande cité, qui nous avait échappé jusqu'ici, elle est devenue invisible, ou quasiment sous les arbres de la jungle.
Comment ces chercheurs l’ont-ils découverte ?
Ils ont analysé les relevés Lidar, cette technique, qui est en train de révolutionner l’archéologie : on utilise des faisceaux laser pour traverser la végétation et révéler, en dessous, la topographie précise d’une zone. L’équipe, menée par un archéologue de l’université d’Arizona, s’est concentrée sur une région, sud-est du Mexique. Et elle a épluché toutes les données lidar disponibles, y compris les relevés réalisés par une organisation pour la surveillance de l’environnement – dans le cadre de la lutte contre la déforestation.
Et la cité est apparue. Mais pas seulement : les chercheurs ont couvert une zone de 122 kilomètres carrés. Et c’est toute un pan de la société maya qu’ils ont mis au jour : la ville, mais aussi des zones périurbaines ; et autour, des campagnes faiblement peuplées, mais avec des infrastructures agricoles.
La société maya était encore plus étendue qu’on ne le pensait ?
Oui, cette étude montre l’ampleur considérable de la société maya. Elle confirme l’idée qu’il y a 1000 ans, toute la région était un paysage anthropique, un paysage modelé par l’humain. C’est une preuve de plus. Les découvertes s’accumulent ces dernières années, en grande partie grâce au Lidar. L’année dernière, une capitale régionale avait déjà été révélée à la frontière entre le Mexique et le Guatemala actuels : elle abritait 20.000 personnes.
On commence à comprendre toute la sophistication de l’urbanisme inventé par ce peuple maya, en particulier la gestion de l’eau avec des réservoirs, des canaux, des barrages pour survivre à la sécheresse… À son apogée, c’est une civilisation urbaine de 10 millions de personnes qui vivait là, dans une sorte de jungle aménagée.
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