La génétique réécrit l’histoire de l’Europe

Grâce à la génétique, on retrace toutes les migrations qui ont fait l’Europe d’aujourd’hui. Un travail énorme mené par une équipe de généticiens des populations. Ils ont réuni des échantillons d’ADN d’humains, retrouvés partout en Europe et en Asie de l’ouest, datant de 10 000 ans, jusqu’à l’âge de bronze, vers 2700 ans.
Article rédigé par franceinfo - Mathilde Fontez
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Le premier atelier de l'industrie humaine, la fabrication et le polissage du silex à Pressigny, en France, au cours du Néolithique, le Nouvel Âge de la Pierre ou Âge de la Pierre Polie. Extrait de L'Homme Primitif, publié en 1870. (Illustration) (UNIVERSAL HISTORY ARCHIVE / UNIVERSAL IMAGES GROUP EDITORIAL VIA GETTY IMAGES)

Mathilde Fontez, rédactrice en chef au magazine scientifique Epsiloonnous parle aujourd'hui d'une énorme étude qui vient de paraître : 1600 génomes de nos ancêtres ont été analysés, dans toute l’Europe.

franceinfo : Cette étude a permis de retracer les migrations, les mélanges qui ont donné notre population actuelle ?

Mathilde Fontez : Oui, c’est un travail gigantesque qu’a mené cette équipe de généticiens des populations, menée par un chercheur danois. Ils ont rassemblé des échantillons d’ADN d’humains, retrouvés partout en Europe et en Asie de l’ouest, qui datent d’il y a plus de 10 000 ans, jusqu’à l’âge de bronze, vers 2700 ans.

Il a fallu quatre publications scientifiques pour tout détailler, des centaines de pages de suppléments, qui racontent une nouvelle histoire du peuplement de l’Europe. Comment les différentes vagues de population ont bougé, se sont installées. Tout ça, à partir des flux de gènes, des similitudes génétiques entre les différents échantillons. "C’est l’histoire des gens qui ont fait des bébés ensemble", nous a résumé Paul Verdu, au Muséum national d’histoire naturelle.

L’histoire commence il y a 8500 ans ?

Oui, c’est le premier grand mouvement qui ressort de cette étude : à ce moment-là, des agriculteurs partent d’Anatolie – la Turquie actuelle – et commencent à avancer vers le nord. Ils arrivent au Danemark il y a 5900 ans. L'occasion des premiers métissages avec les chasseurs-cueilleurs, qui étaient déjà installés depuis plus de 30 000 ans. Tandis qu’à l’est, les sociétés de chasseurs-cueilleurs perdurent pendant 3000 ans.

Et tout à coup, il y a 5000 ans, ce fossé entre les deux populations se dissout : et des pasteurs venus des steppes de l’est se répandent en Europe occidentale. C’est à ce moment-là qu’il y a un grand mélange génétique, analysent les chercheurs. Ce n’est pas une migration massive. Ce n’est pas une vague qui remplace l’autre, une population qui débarque. Mais plutôt un grand métissage entre ces trois populations.

Ce sont ces gènes que l’on retrouve dans les populations européennes aujourd’hui ?

Oui, les généticiens parlent de la création d’un ensemble génétique homogène, qui change peu jusqu’à aujourd’hui. Tous les peuples européens sont issus de ce mélange de populations ancestrales : les chasseurs-cueilleurs de l’ouest, de l’est, du Caucase ; les agriculteurs d’Anatolie ; les pasteurs des steppes. Une unité à l’échelle de l’Europe, même s’il reste des spécificités régionales.

Mais là aussi, les idées reçues tombent avec cette étude. Par exemple, la grande taille des Scandinaves : elle serait le fruit de ces métissages, et non d’une sélection naturelle. Ou encore les cheveux blonds : ils viennent des agriculteurs d’Anatolie, et pas des peuples ancestraux du nord de l’ouest ou du Caucase.

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