Le billet sciences du week-end. Inondations: quand les fleuves débordent, comment s’y préparer
Depuis lundi dernier, 1er février, la tempête Justine traverse la France. Ces dernières années, les inondations se font de plus en plus fréquentes et elles ont pris une ampleur inédite.
Cette semaine, 20 départements ont été concernés par la vigilance orange aux crues. Mercredi, le Lot-et-Garonne a même été placé en vigilance rouge par Météo France. Parmi les autres territoires les plus touchés : la Dordogne ou encore les Deux-Sèvres. La Garonne a notamment débordé sur 60 km de part et d’autre du fleuve.
Un phénomène récurrent, mais pourquoi ?
Depuis quelques années, une vingtaine de départements sont régulièrement touchés par des crues importantes qui laissent systématiquement des dégâts considérables.
En 1910, Paris avait été confrontée à une crue dite centennale, qui n’arrive donc qu’une fois tous les 100 ans. Les députés arrivaient même en barque à l’Assemblée nationale. Désormais, des crues de cette ampleur semblent se produire toutes les décennies, et bientôt tous les ans.
Plusieurs raisons peuvent expliquer ce phénomène. Le réchauffement climatique et l’assèchement des zones humides expliquent seulement une partie du problème. En effet, les zones humides sont de véritables outils de lutte contre les inondations. Abritant de nombreuses espèces, elles ont aussi une grande capacité de rétention d’eau. Mais l’artificialisation des sols et l’étalement urbain sont en réalité la cause principale. En France, tous les 9 ans, c’est la superficie d’un département qui est bétonnée. L’eau n’est plus absorbée par la terre, tout simplement.
Comment prévoir et anticiper une crue ?
Il existe plusieurs outils pour se préparer à l’approche d’une crue. Le premier d’entre eux : Vigicrue. Ce site Internet informe en temps réel de la montée des eaux.
En prévision des inondations, les Voies Navigables de France abaissent quant à elles les barrages pour mieux évacuer l’eau, et surveillent les bassins de rétention qui peuvent atténuer les effets de la crue.
Cette anticipation est essentielle au regard des conséquences humaines et économiques d’une crue.
Nous avons atteint la cote de 4m30. C’est le niveau de la Seine à partir duquel la navigation dans Paris est interdite parce que les ponts sont trop bas. Toutefois, c’est 9 ou 10 millions de tonnes par an qui transitent par Paris. Si tout devait passer par la route, ce serait de l’ordre de 500 000 camions.
François Landais, directeur adjoint du bassin de La Seine
Écoutez l'entretien avec François Landais, directeur adjoint du bassin de la Seine avec Gérard Feldzer.
Quelles solutions ?
Face à la fréquence accrue des inondations, des experts travaillent à des solutions. "Maintenir les zones humides, prévoir des protections efficaces. Le troisième point, ce sera de concevoir des constructions surélevées, naturellement ou artificiellement. Et enfin, le plus grave, ce serait d’envisager des scénarios de déménagement partiel ou totaux de certains lieux de vie ou de lieux de travail urbains"; explique Jean-Louis Janeau, chercheur spécialiste en hydrologie et sciences des sols à l’Institut de Recherche pour le Développement.
Cela signifie envisager de déménager des millions d'habitants, comme à Bangkok, Djakarta ou Manille. Dans ces villes impactées par la montée des eaux, de tels mouvements de population seraient un cauchemar, une question qui est pourtant prise au sérieux aujourd’hui. Les scientifiques estiment que, par an, les crues pourraient impacter plus de 300 millions de personnes dans le monde d’ici 2050. Au-delà de prendre au sérieux cette menace, une action concrète est nécessaire pour freiner ce phénomène.
Écoutez l'entretien intégral avec Jean-Louis Janeau Avec Gérard Feldzer
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