Le billet sciences du weekend. Vague de changements pour les transports maritimes
Ça bouchonne dans le canal de Suez ! Un porte-conteneur a paralysé pendant une semaine l'une des routes commerciales les plus fréquentées du monde. Un événement qui montre l’importance des transports maritimes, mais aussi leur fragilité.
La paralysie du canal de Suez pendant une semaine, après l'obstruction, par un cargo, de cette voie commerciale d'une importance capitale pour le trafic mondial, vient nous rappeler qu'aujourd’hui, dans le monde, plus de 90% des marchandises voyagent par bateau.
Les géants des mers
Chaque année, ce sont ainsi 10 milliards de tonnes, soit 1,3 tonne par personne, qui sont transportées par ces mastodontes des mers ! C’est 5 fois plus qu’il y a 50 ans. Les précisions de Paul Tourret, directeur de l’Institut supérieur d’économie maritime.
L’histoire de Suez nous dit à quel point nous consommons de plus en plus de produits manufacturés. C’est parce que les produits agricoles et industriels circulent dans tous les sens que le transport maritime se développe.
Paul Tourret, directeur de l'Institut supérieur d'économie maritime
Bien que le transport maritime émette 10 fois moins que le transport routier par tonne transportée au kilomètre, un géant des mers consomme tout de même 400 000 litres de carburant par jour. À cela s’ajoute le fait que ces transports sont responsables de 13% des émissions de dioxyde de soufre et de 12% de dioxyde d’azote.
Pour réduire le temps passé en mer, et donc pour réduire le carburant consommé, le canal de Suez est, depuis 1855, la route privilégiée. Avec le dernier incident, la Russie tente désormais de vanter sa route maritime du Nord, par l’Arctique. Une ouverture rendue possible par les fontes des glaces provoquées par les changements climatiques.
Des solutions plus vertueuses proposées par les constructeurs
Le gaz naturel liquéfié, dont la compagnie française CMA CGM est pionnière, est une des solutions. Bien que carburant fossile, par rapport aux carburants classiques, il a l’avantage d'émettre 80% d’oxyde d’azote en moins, et surtout de ne pas émettre de soufre, nuisible pour la santé. Il nécessite cependant d’équiper les ports en conséquence.
Vidéo de l'arrivée du Jacques Saadé au Havre, le 21 janvier 2021
À Marseille, on a deux solutions : la connexion électrique à quai des navires, sans aucune émission atmosphérique pendant l’escale, et le gaz liquéfié.
Hervé Martel, directeur du port de Marseille
Pour l’hydrogène, énergie de l’avenir, il y a encore du travail de développement pour être en mesure de stocker sa forme liquide, qui est à moins 256 degrés. Pour illustrer cette promesse, le bateau Energy Observer a fait le tour du monde en utilisant le vent pour fabriquer l'hydrogène à bord, à partir d’eau de mer.
Lorsque l’on est en excédent d’énergie, on fabrique de l’hydrogène à partir de l’électrolyse de l’eau de mer. On démarre la pile à combustible qui restitue l’hydrogène en électricité et en chaleur.
Victorien Erussard, fondateur d'Energy Observer
Le vent, une énergie de tous temps
À Douarnenez, la compagnie Trans Oceanic Wind propose des voiliers cargos sur la base de vieux gréements. Idéal pour fournir des produits bio de A à Z ! La compagnie Neoline, à Nantes, travaille elle, à des transports transatlantiques en cargos à voile ultra sophistiqués. Et même Arianespace lance un bateau à voiles rigides, comme des ailes d’avion, pour transporter les éléments de ses fusées en Guyane.
Marc Van Peteghem, son designer, décrit qu’ "un système de propulsion comme celui-ci va s’intégrer, à terme, dans un mix énergétique avec une pile à combustible. J’ambitionne une décarbonation totale du transport maritime à l’horizon 2050."
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