Cet article date de plus de trois ans.

Cargo échoué dans le canal de Suez : pas de retour à la normale avant "une semaine", estime un professeur de sciences nautiques

Les remorqueurs ont réussi à faire pivoter le cargo. Il ne reste plus qu'à le "tirer dans l'axe" pour le désengager de l'enrochement sur lequel il s'est visiblement échoué.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Le porte-conteneurs Ever Given échoué dans le canal de Suez depuis le 23 mars 2021. (KHALED ELFIQI / EPA)

"Les remorqueurs ont réussi à faire pivoter" le porte-conteneurs Ever Given, a confirmé lundi 29 mars sur franceinfo Hervé Baudu, professeur de sciences nautiques à l’École nationale maritime supérieure (ENSM), ancien officier naviguant et membre de l’académie de Marine. Depuis près d'une semaine, le navire de 200 000 tonnes obstrue le canal de Suez. Il donc a pu être réorienté même s'il n’a pas encore libéré le passage. Pour Hervé Baudu, il faudra probablement "une semaine" avant un retour à la normale dans le canal.

>> Suivez notre direct sur le déblocage du canal de Suez après l'échouement d'un cargo.

franceinfo : Peut-on dire que le plus dur est fait avec le fait d'avoir réussi tout simplement à désensabler ce porte-conteneurs géant ?

Hervé Baudu : Il semblerait. Le seul doute, c'est que le navire s'est échoué vraisemblablement sur un enrochement, c'est-à-dire que les berges sont en sable, mais par endroits, il y a des roches, voire des roches artificielles qui sont mises pour consolider un peu les berges de sable. Et il semblerait que ce navire-là soit monté sur un enrochement, d'où la difficulté à le dégager. Mais ce qui est intéressant de noter, c'est que les remorqueurs ont réussi à le faire pivoter, c'est-à-dire qu'ils ont réussi à peu près à le mettre dans l'axe, ce qui va permettre à certains remorqueurs plus puissants de le tirer dans l'axe, c'est-à-dire de faire un peu le chemin inverse à son échouement.

Expliquez-nous comment un bateau de 400 mètres de long peut s'échouer ainsi ?

Il y a trois hypothèses dans ce genre de canal. Soit c'est une avarie de machine qui peut entraîner une avarie de barre. C'est ce qu'on appelle un black-out mais il semblerait que ce ne soit pas le cas. Soit c'est une erreur humaine, une erreur de barre, une erreur de transmission d'un ordre de cap qui est donné en général par le pilote. Mais a priori, ce n'est pas ça non plus. Il semblerait qu'on retienne ce qu'on appelle des effets de berge.

"Lorsqu'un bateau navigue près de la rive d'un canal ou d'une rivière, les forces d'écoulement de l'eau sont asymétriques, ce qui entraîne l'arrière du bateau vers la berge."

Hervé Baudu, professeur de sciences nautiques à l’École nationale maritime supérieure

à franceinfo

Plus le bateau est gros, plus cet effet est important.

Combien de temps faudra-t-il pour rétablir un commerce normal ?

Le temps que les opérations reprennent, le navire va être remorqué dans un lac, un terminal, de façon à ce que les croisements des navires puissent reprendre. Les autorités disent que c'est 50 navires par jour qui peuvent passer. S'ils réduisent l'écartement de passage entre les navires, on peut augmenter à peu près à une centaine de navires par jour. Si on fait le calcul, on en a 400 en haut et 400 en bas, donc en une semaine c'est fait.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.