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Le déca fait autant d’effet que le café

Le déca comme le café a des effets caféine. L’effet placebo est puissant, lui aussi. Et dans le cas du décaféiné, il est particulièrement efficace, ont démontré des chercheurs, jusqu’à atténuer les symptômes de manque chez les gros buveurs.
Article rédigé par franceinfo - Mathilde Fontez
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
De l'effet placebo puissant du café décaféiné. Des chercheurs viennent de le démontrer. (Illustration) (ALVAREZ / E+ / GETTY IMAGES)

On échange le café contre un déca : et on regarde l’effet... C'est notre expérience du jour avec Mathilde Fontez, rédactrice en chef au magazine scientifique Epsiloon. Nous sommes nombreux à être attachés à notre café du matin… Mais on pourrait aussi prendre du décaféiné.

franceinfo : Des chercheurs viennent de montrer que le déca, ça marche aussi, comme le café ? 

Mathilde Fontez : Oui, et pourtant, les chercheurs, une équipe de l’université de Sydney, ont choisi pour leur expérience, de gros buveurs de café. Ils les ont contraints à l’abstinence pendant 24 heures. Puis ils leur ont servi du café, ou du déca. Et effectivement, ce qu’ils ont vu, c’est que même le déca provoque des effets – les participants déclaraient que le manque s’atténuait, qu’ils ressentaient cet effet excitant provoqué normalement par la caféine.

C’est l’effet placebo…

Oui, c’est bien l’effet placebo qui s’exprime ici, une fois de plus. Cet effet est une sorte de prophétie auto-réalisatrice : quand on a des attentes, notre cerveau travaille à ce qu'elles se réalisent. Par exemple, prendre une pilule, même s’il n’y a pas de médicament dedans, ça peut atténuer la douleur. Le déca, c’est la même chose.

Mais ce que remarquent les chercheurs en particulier : c’est que cet effet placebo du déca fonctionne, même quand on sait qu’on prend du déca. Certains des participants à l’expérience savaient qu’il n’y avait pas de caféine dans leur tasse, et ils ont tout de même ressenti leur manque s’apaiser. Une explication possible : nous serions conditionnés.

Le café, ce n’est pas seulement la caféine, mais c’est tout un rituel : tout un ensemble de stimuli qui sont toujours les mêmes, le goût, l’odeur, la chaleur de la tasse. Même le bruit de la cafetière. Nous aurions tellement intégré ces stimulations, qu’elles suffiraient, à elles seules, à déclencher les effets neuronaux de la caféine.

Plus besoin de café alors ?

L’effet reste moins fort, bien sûr, qu’avec du vrai café. Mais oui, on peut essayer de se sevrer de la caféine, avec cette méthode, sans souffrir du manque. C’est d’ailleurs la conclusion des chercheurs : exploiter cet effet, au-delà de l’exemple du café.

On pourrait imaginer des protocoles de sevrage pour d’autres drogues, où les patients seraient conscients de prendre un placebo. Ça résoudrait un des problèmes méthodologiques de ces traitements : parce qu’il est contraire à l'éthique de tromper le patient. On doit lui dire, normalement, quand on lui donne un placebo. Reste à savoir si cet effet déca marche aussi bien, pour les autres psychotropes que la caféine…

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