Le lancement du télescope JWST vient d’être reporté au 24 décembre : enjeux et grande tension à la NASA
Le télescope James Webb Space Telescope, devait décoller ce samedi 18 décembre dans une fusée Ariane 5, depuis Kourou en Guyane française. Mais le décollage a été reporté. C'est l’un des plus grands projets de science, jamais entrepris et l'aboutissement de 25 ans de recherche et de travail.
Mathilde Fontez, rédactrice en chef du magazine scientifique Epsiloon, nous parle aujourd'hui du lancement de ce télescope JWST qui devait décoller le 22 décembre dans la coiffe d'une fusée Ariane 5. Cela vient d’être reporté au 24, ou peut-être au 26 ou au 27 décembre. Mais dans tous les cas, dans les jours qui viennent, il va s’envoler.
franceinfo : Ce télescope promet de révolutionner toute notre vision de l’Univers ?
Mathilde Fontez : Oui, c’est un moment de grande tension à l’Agence spatiale américaine, la NASA. Et à l’Agence européenne, l’ESA, qui participe aussi à cette mission. Et même, dans tous les laboratoires d’astronomie du monde.
Ce qui va se passer la semaine prochaine, si tout va bien, c’est l’aboutissement de 25 ans de travail, pour des milliers d’ingénieurs, de techniciens, de chercheurs. C’est une technologie de 10 milliards de dollars qui va quitter la Terre dans la coiffe d’une fusée Ariane. Ce sont 14 pays impliqués, 40 millions d’heure de travail – la NASA a compté. Bref, le télescope James Webb, c’est son nom, est l’un des plus grands projets de science, jamais entrepris.
Ce télescope est le plus gros jamais envoyé dans l’espace ?
Oui et de loin. Il est même tellement gros qu’il a fallu le plier pour le faire entrer dans la coiffe de la fusée Ariane 5 qui va l’emmener en orbite. Il se dépliera dans l’espace. Son miroir mesure 6 mètres 50.
Le plus gros télescope spatial jusque-là, c’est le célèbre Hubble, qui a offert ces incroyables images des galaxies de toutes sortes. Et il mesure un peu moins de 2 mètres 50. C’est donc un saut énorme en sensibilité, la capacité à voir les étoiles et les galaxies lointaines. Pour résumer, on verra 10 fois mieux avec le télescope James Webb qu’avec Hubble. Voire 100 fois mieux pour certains objets.
Et cela permettra de mieux comprendre l’univers ?
En particulier, les premiers moments de l’univers. Comment sont nées les premières galaxies. Comment les amas d’étoiles tels que le nôtre se sont structurés. On va pouvoir voir très loin avec le télescope James Webb, et donc remonter dans le temps.
Puisque la lumière met du temps à parvenir jusqu’à nous : on va découvrir les galaxies telles qu’elles étaient quelques dizaines de millions d’années seulement après le big bang. Ça parait beaucoup, mais à l’échelle de l’univers qui a plus de 13 milliards d’années, c’est la toute petite enfance.
Ce télescope sera aussi très précis. Il permettra de faire de la spectroscopie, et donc d’étudier la composition des exoplanètes, les planètes qui tournent autour d’autre étoiles que la nôtre. Pour savoir si elles ont une atmosphère, si elles pourraient être habitables.
Tout ça, c’est si tout se passe bien… À quoi est dû le report du lancement ?
À un problème de communication entre le télescope et le sol. C’est un problème qui est jugé bénin. Il y a des systèmes redondants qui peuvent prendre le relais. Mais la NASA ne veut prendre aucun risque dans le cas du télescope James Webb. L’enjeu est trop grand. Il faut que tout marche parfaitement.
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