Le secret du "café-clope" : une piste de recherche
Pourquoi les fumeurs aiment-ils tant prendre un café avec leur première cigarette du matin ? Des chercheurs viennent de plancher sur la question. Le café agirait sur des récepteurs sensibles à la nicotine dans notre cerveau. Et l'effet d'apaisement serait plus fort dans l'association café-clope...
Un ce début de weekend, petite révélation et pas des moindres, sur les secrets de l’efficacité de l’alliance café-cigarette. Vous êtes peut-être en train de prendre votre café, et peut-être votre première cigarette. Les précisions de Mathilde Fontez, rédactrice en chef du magazine Epsiloon.
franceinfo : Cette association café-cigarette, qui plaît tant aux fumeurs, a une explication chimique ?
Mathilde Fontez : C’est ce que révèlent des chercheurs de l’université de Floride : le café-clope n’est pas seulement un rituel. C’est une véritable synergie pharmacologique. Le café rend la cigarette plus efficace pour combler le manque après une abstinence, en particulier donc, après la nuit. Et ça marche aussi après le repas.
La caféine et la nicotine s’allient ?
Pas directement. C’est plutôt le café qui agit sur certains des récepteurs sensibles à la nicotine, dans le cerveau. Ce qu’on fait les chercheurs, c’est qu’ils ont tout simplement imbibé de café des cellules cérébrales humaines, dans des boites de pétri. Et ils ont étudié comment les différents composants du café - la caféine mais pas seulement - agissaient sur les cellules. Ils ont alors vu que deux d’entre eux - qu’on appelle la choline et le n-MP - agissent bel et bien sur certains récepteurs nicotiniques.
En particulier le n-MP : il participe à rétablir le dysfonctionnement des récepteurs cérébraux qui entraîne le besoin de nicotine chez les fumeurs. En gros, quand on est en manque, ces récepteurs deviennent ultrasensibles. Et le n-MP les inhibe.
Cela explique pourquoi les fumeurs recherchent souvent le café avec la première cigarette ?
Oui, c’est tout simplement parce qu’avec un café, l’effet d’apaisement dû à la disparition du manque, est plus fort que sans café. Alors, ces recherches en sont pour l’instant à un stade préliminaire : les études sur les cellules ne suffisent pas. Il faudra faire d’autres tests sur le cerveau pour bien comprendre et quantifier ce mécanisme.
Mais déjà, les chercheurs y voient une piste pour apaiser le manque de nicotine chez les fumeurs, lutter contre la dépendance, et pourquoi pas mettre au point des dispositifs, des médicaments, de sevrage.
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