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L’éruption du volcan Tonga a créé d’étranges vagues dans l’atmosphère

Alors que les secours sont enfin en train d'arriver sur les îles Tonga, une semaine après l’éruption d'un volcan, qui a eu lieu le 15 janvier, doublée d’un tsunami dans l'océan Pacifique, les scientifiques analysent les images. Et ce qu’ils voient est étrange, un phénomène unique s’est produit dans l’atmosphère : des ondes de gravité d’une forme inhabituelle…

Article rédigé par franceinfo - Mathilde Fontez
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Images prises dans l’infrarouge, par le satellite Aqua de la Nasa, qui montrent des dizaines de cercles concentriques comme des vagues dans l'atmosphère.  (Lars Hoffmann, Jülich Supercomputing Centre. AIRS Level-1 data by NASA DES DISC)

On reparle de la terrible éruption qui a secoué les Îles Tonga il y a une semaine avec Mathilde Fontez, rédactrice en chef du magazine scientifique Epsiloon. Et les scientifiques étudient un étrange phénomène. 

franceinfo : Alors que les secours arrivent enfin sur place, les scientifiques, eux, étudient les images, les données ?  

Mathilde Fontez : Oui, et pour tout dire, ils sont assez perplexes. D’abord par l’intensité de l’explosion. On l’a dit, elle est record. Et il reste à comprendre pourquoi. Là-dessus, il y a une piste : c’est la profondeur du volcan.

Au moment de l’éruption, le sommet du cratère était immergé sous la surface de la mer, à 150 - 200 mètres. C’est peut-être ça qui a amplifié le phénomène : lorsque le magma et les gaz sont remontés, ils ont brutalement rencontré de l’eau, beaucoup plus froide. Et ça a créé un mélange explosif.

Si la profondeur avait été plus grande, l’eau aurait plutôt eu tendance à étouffer l’explosion. Mais il n’y a pas que la puissance qui interroge. Les chercheurs sont intrigués par l’étrange propagation de l’onde de choc dans l’atmosphère.

Cette image montre une comparaison d'images prises par le satellite européen Copernicus, le 17 janvier 2022 (à droite) deux jours après l'éruption du volcan, avec les îles couvertes de cendres, et celle enregistrée le 18 décembre 2021.  (HANDOUT / COPERNICUS SENTINEL-2 IMAGERY / AFP)

Grâce aux images qui ont été prises par satellite ?

Oui, en particulier par celles prises dans l’infrarouge, par le satellite Aqua de la Nasa. Sur les images, on voit des ondes, des vagues en cercles concentriques dans les nuages, qu’on n’avait jamais vu avant. En tous cas depuis que le satellite est en service, depuis 2002.

Alors en lui-même, le phénomène est connu : quand les molécules de l’air sont perturbées verticalement, on sait qu’il peut se former ces ondes de gravité qui se propagent. Ça peut tout simplement se produire lorsque le vent s’accélère en haut d’une montagne. Mais là, les cercles qui ont été captés par le satellite sont très nombreux.

Il y en a des dizaines. Ils s’étendent sur 16.000 kilomètres autour de l’éruption. Le phénomène se prolonge vers le bas jusqu’à la surface de la mer. Et vers le haut sans doute jusqu’à l’ionosphère, à 80 kilomètres d’altitude. Et tout est beaucoup plus confus, il semble y avoir un mélange de tailles et de types de vagues. La convection de l’atmosphère semble assez compliquée, cahoteuse…  

Capture d'image réalisée par le satellite américain GOES-West lors de l'éruption explosive du volcan Hunga Tonga–Hunga Haʻapai. (NOAA)

Il y a des hypothèses pour expliquer ça ?

L’étude commence tout juste. Mais l’une des idées, c’est que ce motif d’ondes atypiques serait dû à la fois à la grande puissance de l’éruption, et à sa durée. Tout s’est passé en 8 minutes aux Îles Tonga ! C’est très court. Souvent, les éruptions se compte en jours, en mois. Certaines durent même plusieurs années…

Encore plus que son intensité, c’est la brutalité de cette éruption qui est exceptionnelle. Les spécialistes évoquent une grosse bulle d’air chaud qui serait montée dans l’atmosphère, et qui aurait en quelque sorte renversé l’air.    

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Article sur le site de Nature

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