Les animaux fluos

Les zoologues sont en train de découvrir que de très nombreux animaux, en particulier les mammifères, la nuit, sont fluorescents.
Article rédigé par franceinfo - Hervé Poirier
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
La biofluorescence a été détectée dans plusieurs organismes nocturnes-crépusculaires, comme le lièvre de printemps. (J. MARTIN / E. OLSON / NORTHLAND COLLEGE / OLSON ET AL. 2021)

C’est totalement inattendu, mais les biologistes se rendent compte que presque tous les animaux sont fluorescents. Pourquoi donc ? Hervé Poirier, rédacteur en chef au magazine scientifique Epsiloon, nous explique aujourd'hui que ce sujet divise les zoologues.

franceinfo : La fluorescence des animaux. C’est quoi cette affaire ?  

Hervé Poirier : Le sujet est futile comparé à la crise de la biodiversité, ou aux guerres en cours. Mais oui, cela fait 5 ans qu’à la tombée de la nuit, des chercheurs, dans la forêt, dans les zoos ou dans les couloirs des musées, s’amusent à orienter le faisceau de leurs torches ultra-violettes vers la faune sauvage, et constatent, surpris, que de nombreuses espèces ont un corps en partie fluorescent, avec des taches sur la peau, la fourrure, le plumage ou les os.   

Cela veut dire que ces animaux brillent dans la nuit ?  

Pas comme les vers luisants. Il s’agit ici de la faculté d’absorber le rayonnement UV pour en restituer une partie dans le spectre visible. Un peu comme au Macumba, quand les dents et les ongles se mettent à briller sur la piste de danse. Jusqu’ici, les observations étaient éparses.  

Des chercheurs australiens ont voulu y voir plus clair. Ils ont fait la recension la plus complète à ce jour de la fluorescence des mammifères. Ils ont observé sous trois longueurs d'onde UV, un ornithorynque, cinq marsupiaux, un koala, un lapin, un wombat à nez poilu, un échidné à nez court et un chat, tous conservés dans les collections du Museum de l’Australie occidentale. Pour confirmer que oui, c’est de la vraie fluorescence.  

Ils ont ensuite élargi l’enquête à 125 espèces, représentant 79 familles parmi les 27 ordres de mammifères vivants. Et un seul ne présentait aucune fluorescence externe : le dauphin nain à long bec.  

Cela remplit une fonction précise ?  

Le débat déchire la communauté. D’après les statistiques, la fluorescence est plus courante et intense pour les espèces nocturnes (au lever et au coucher du soleil, la lumière contient plus d’UV), pour celles ayant des habitudes arboricoles et fouisseuses, sous la lumière bleutée des sous-bois, et pour celles ayant une couleur claire et unie.  

Certains avancent l’hypothèse d’un camouflage, d’un signal de communication, voire d’un argument de séduction. Cela pourrait aussi protéger du rayonnement ultraviolet nocif. Mais d’autres s’énervent, en affirmant que ce ne sont que des propriétés accidentelles : il ne viendrait à personne, l’idée de dire que les dents et les ongles qui brillent dans les night-clubs, ont un trait adaptatif.  

Sachant que les capacités visuelles des animaux sont mal connues : que voient-ils réellement ? Même s’il est futile, le mystère de la fluorescence animale demeure. Avec la nouvelle étude australienne, il ne cesse, même, de prendre de l’ampleur.

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