Les festins de Neandertal

On le savait déjà artiste, le voilà maintenant fin gourmet. Bienvenue dans les arrière-cuisines de Neandertal, cet amateur de viandes fines et d’assiettes végétales élaborées. Une façon de mieux comprendre la vie de ce lointain cousin.
Article rédigé par franceinfo - Hervé Poirier
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
La liste des raffinements culturels de notre lointain cousin Neandertal, ne cesse de s’allonger. (GREGORY_DUBUS / E+ / GETTY IMAGES)

Hervé Poirier, rédacteur en chef au magazine scientifique Epsiloon, nous parle aujourd'hui des festins de Neandertal, notre lointain cousin disparu, amateur de viandes et d’assiettes végétales.

franceinfo : Alors, Neandertal cuisinait dans ses grottes ?

Hervé Poirier : Le sujet semble saugrenu. Mais plusieurs découvertes récentes, menées au sein des cuisines de Néandertal, laissent entrevoir une nouvelle facette de ces êtres à la carrure de rugbymen, carburant à 4000 calories par jour. Ils ont réussi à se nourrir pendant 400.000 ans sur le continent européen, en dépit de terribles glaciations.  

Qu’y avait-il au menu de Neandertal ?

Du crabe rôti sur les braises. Dans une grotte portugaise, a été récemment mis à jour une accumulation de grands crabes cuisinés à plus de 300°C puis décortiqués, il y a 90.000 ans. De la tortue, cuite dans sa carapace. Tout récent aussi, dans une autre grotte portugaise : les marques de combustion suggèrent une cuisson sur la braise, la tortue retournée sur le dos, la carapace faisant office de récipient.   

En accompagnement, des proto-crèpes, à base d’herbes sauvages et de légumineuses, comme celles découvertes en Irak. En apéritif, des pignons torréfiés. Des milliers de débris carbonisés retrouvés récemment, témoignent de grillades régulières de pommes de pin. Et pour les grandes occasions, du pied d’éléphant géant. Un spécimen, en Allemagne, entièrement consommé, a fourni l’équivalent de 2500 rations quotidiennes d’adultes néandertaliens.  

Plutôt appétissant en effet, et on ne s’attendait pas à une telle variété ?  

Les Neandertaliens consacraient sans doute beaucoup plus de temps à la nourriture que nous, conclut une des chercheuses. L’éléphant géant témoigne de festins impliquant des populations plus importantes, que ce que l’on imaginait. Et ces menus, qui varient au gré des époques, des lieux, des saisons, sans doute des tabous ou traditions locales, prouvent une grande maîtrise de la chasse aux gros gibiers (chevaux, élans, chamois, bisons, rhinocéros, mammouths…), et aux petits (pigeons, lapins, marmottes, castors).  

Si les carnivores étaient rarement au menu, on vient de découvrir des traces de steak de lion cuit à point, sur le site de Siegsdorf, en Allemagne. Tout cela prouve aussi une grande maîtrise du feu, et de la transformation des aliments végétaux.  

En Italie, des pilons vieux de 43.000 ans, dédiés au broyage des grains, viennent d’être découverts. C’est bien toute une culture que ces cuisines font renaître. La culture d’une étrange humanité disparue, curieuse de son environnement, savante, habile, audacieuse, flexible, opportuniste et stratège, à la fois gloutonne et fine gueule.   

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