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Les hippopotames de Pablo Escobar sont deux fois plus nombreux que ce qu’on croyait !

Entre 181 et 215 hippopotames, viennent de compter des chercheurs colombiens. Le problème de cette population issue de quatre pachydermes africains, qui avaient été adoptés par le célèbre narcotrafiquant, puis qui se sont évadés, est encore plus compliqué que prévu. Un casse-tête écologique qui divise La Colombie et les scientifiques.
Article rédigé par franceinfo - Hervé Poirier
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Colombie, Doradal. 24 septembre 2018. Des hippopotames nagent dans l'un des lacs de l'hacienda Napoles, où dans les années 80, Pablo Escobar avait installé un parc à thème, et un zoo privé. Après sa mort en 1993, le gouvernement colombien avait confisqué les animaux, mais en laissant quatre hippopotames qui depuis se sont multipliés. (JUANCHO TORRES / GETTY IMAGES)

Hervé Poirier, rédacteur en chef au magazine scientifique Epsiloon nous explique aujourd'hui qu’on vient de compter les fameux hippopotames de Pablo Escobar, qui s’étaient échappés il y a 30 ans, dans une rivière colombienne.

franceinfo : En fait, ces hippopotames sont deux fois plus nombreux que prévu ! Racontez-nous. 

Hervé Poirier : Nouveau rebondissement dans l’affaire des "Hippos de la cocaïne" : ils ne sont pas une centaine, comme on le pensait. Des chercheurs colombiens viennent de les compter, en multipliant les déplacements et les drones : ils sont en fait entre 185 et 215 !

Et un tiers sont des juvéniles, ce qui indique que les animaux se reproduisent vite. Sûrement qu’il y a moins de combats entre eux pour les ressources. Sans doute atteignent-ils la maturité sexuelle plus tôt qu'en Afrique, en raison des conditions luxuriantes. Une chose est sûre : cette espèce – le plus grand animal invasif au monde – se plaît très bien dans la jungle colombienne, encore plus que ce l’on pensait.

Et cela doit poser de sacrés problèmes ?

C’est une espèce très dangereuse, oui. Mais c’est surtout un incroyable casse-tête écologique. D’un côté, certains avancent qu’ils pourraient remplacer la méga faune herbivore, disparue il y a 10.000 ans, et que l’écosystème pourrait trouver un autre équilibre, différent, mais pas moins divers. D’autres, plus nombreux, soulignent que ces hippopotames chamboulent l’équilibre chimique des lacs, compactent les sédiments, érodent les berges, et menacent d'autres animaux en danger, comme le lamantin.

Que faire alors ?

On pourrait les stériliser. Mais des modélisations réalisées en avril dernier, estiment qu’il faudrait 50 ans pour tous les éradiquer – avec le nouveau décompte, cela serait encore plus long. Les autorités locales ont annoncé, il y a quelques semaines, vouloir transférer 70 hippopotames vers des parcs au Mexique et en Inde. Mais c’est hors de prix, et ça ne changerait finalement plus fondamentalement la donne.

La solution prônée par de nombreux chercheurs est l’abattage systématique. Une hypothèse qui provoque un tollé parmi les associations de défense des animaux. Bref, on n’en a pas fini avec cette drôle d’histoire qui pose des questions passionnantes sur les effets réels des espèces invasives, la pertinence de réensauvager le monde, l’influence des émotions humaines en écologie. Et qui a commencé avec quatre pachydermes d’un narcotrafiquant…

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