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Les saisons se détraquent

Y a plus de saisons ! Le printemps commence déjà en Grande-Bretagne ; la Californie écrasée sous 30 degrés la semaine dernière. Et les études climatologiques montrent que les saisons se détraquent, sous l’effet du réchauffement.




Article rédigé par franceinfo - Mathilde Fontez
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Que deviennent nos saisons ? L'été augmente, l'hiver raccourcit. (Illustration) (JOHN LAMB / THE IMAGE BANK RF / GETTY IMAGES)

Avec Mathilde Fontez, rédactrice en chef du magazine scientifique Epsiloon, on parle aujourd'hui des saisons qui ne tournent plus rond.

On a vu des températures records en Californie il y a une semaine : 30 degrés au mois de février. Une canicule en hiver. Et ce n’est pas un cas isolé. Avec un décalage d’un mois en moyenne, et un déséquilibre qui s’installe : l’été devient plus long, il pourrait d’ici 2100, durer près de six mois dans l’hémisphère Nord, et l’hiver moins de deux mois…

franceinfo : Les climatologues sont en train de mesurer que le changement climatique a déjà un impact sur les saisons ? 

Mathilde Fontez : C’est une étude réalisée au Royaume-Uni qui le démontre. Elle vient d’être publiée. Les chercheurs ont rassemblé et analysé plus de 400.000 enregistrements des floraisons des plantes, sur la totalité du pays. Cela regroupe 400 espèces végétales. Le tout entre les années 1753 et 2019.

Parce que, pour évaluer l’évolution des saisons, le suivi des températures ne suffit pas – là, il s’agit d’étudier la réponse des écosystèmes : comment l’environnement réagit-il à la hausse des températures ? Est-ce que le changement climatique se voit déjà, globalement, à grande échelle, sur les plantes ?  

Et ça se voit…

Aucun doute, oui : les écologues ont séparé leur échantillon en deux périodes : avant et après 1986. Et ils voient que la première floraison a avancé de près d’un mois en moyenne. Un phénomène qui s’accentue dans le sud du pays : les espèces fleurissent une semaine plus tôt encore.

L’avance atteint 32 jours pour les espèces végétales qui sont les plus plastiques, ce sont celles qui s’adaptent génétiquement le plus vite aux changements environnementaux, comme l’herbe par exemple. Les arbres, les arbustes s’adaptent un peu moins vite. Mais toutes les espèces végétales sont touchées.

Et cela rejoint une autre étude qui a été menée au Japon l’année dernière, sur la floraison des cerisiers, qui est particulièrement suivie dans le pays. Là, les écologues notaient une avance de 10 jours.  

L’hiver se raccourcit…

Les floraisons avaient lieu en avril. Elles ont aujourd’hui lieu en mars. Et les chercheurs anticipent que ce glissement va se poursuivre. Alors d’un côté, c’est une bonne nouvelle : les plantes s’adaptent au réchauffement. Mais cette adaptation reste limitée.

Il y a un facteur qui ne change pas, la lumière qu’elle reçoivent qui, elle, dépend de la hauteur du Soleil dans le ciel, de la durée du jour. C’est une histoire de position de la Terre par rapport au Soleil qui ne va pas changer. Et surtout, ce qui inquiète les écologues, c’est le décalage qui s’installe entre les différents composants de l’écosystème. Les animaux ne s’adaptent pas aussi vite au réchauffement que les plantes.

Ce qui risque de se produire, c’est que les pollinisateurs se décalent par rapport aux floraisons, et plus généralement que les animaux ne trouvent pas de nourriture au moment de leur période de reproduction.

Pour citer les chercheurs : "Si les plantes continuent à fleurir plus tôt, et si la fréquence, l'intensité et la durée des extrêmes climatiques augmentent encore, le fonctionnement et la productivité des systèmes biologiques, écologiques et agricoles seront au plus bas." Donc oui, l’été devient plus long, l’hiver raccourcit. Mais ce n’est pas une bonne nouvelle...

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