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Environnement : les satellites s'attaquent à la pollution plastique

L’espionnage écologique par satellite bat son plein ! Des chercheurs viennent de montrer que la précision des nouveaux satellites, couplés aux technologies d’analyse d’images par l'intelligence artificielle, permet de repérer, partout sur la planète, les sites susceptibles de laisser échapper du plastique dans les cours d'eau.
Article rédigé par franceinfo - Hervé Poirier
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Espionnage par satellite pour lutter contre les décharges sauvages de plastique ? Des chercheurs exploitent les données en accès libre de certains satellites. (Illustration) (JANIECBROS / E+ / GETTY IMAGES)

Hervé Poirier, rédacteur en chef au magazine scientifique Epsiloon nous annonce une bonne nouvelle, avec la mise au point d’un nouveau moyen pour lutter contre la pollution plastique.

franceinfo : La surveillance par satellite pour lutter contre les décharges sauvages ? Expliquez-nous…

Hervé Poirier : Oui, il s’agit d’une sorte d’espionnage écologique. L’ampleur du problème est connue : les déchets plastiques ont aujourd’hui envahi les points les plus élevés du monde, les parties les plus profondes de l'océan, le Pôle Nord et le Pôle Sud, les sédiments, les écosystèmes, les estomacs… Cette année, 11 millions de tonnes de plastiques seront déversés dans l'océan, et cela pourrait presque tripler d'ici 2040, sachant que 90% de cette pollution vient des rivières, qui collectent en amont toute ces déchets.

L’outil que viennent de présenter des informaticiens américains pourrait changer la donne, est un moyen de repérer et surveiller de façon précise, automatique et continue, les décharges susceptibles de laisser échapper du plastique dans les cours d'eau partout sur la planète.

Comment ça marche ?

D’un côté, les chercheurs exploitent les données en libre accès des satellites Sentinel-2 de l'Agence spatiale européenne, qui observent la Terre en continu depuis 7 ans, à travers de nombreuses longueurs d’onde, en repassant au même endroit tous les 5 jours. Et de l’autre, ils exploitent la formidable puissance d’analyse d’image des nouvelles intelligences artificielles.

Leur IA, basée sur des réseaux de neurones dernier cri, a été éduquée pour reconnaître la signature visuelle des décharges plastiques. Le système a été testé en Indonésie : il a détecté 374 décharges, deux fois plus que celles qui sont officiellement recensées. En l’étendant à toute l’Asie du Sud-Est, il en a recensé un millier, dont 20% sont situées à moins de 200 m d'un cours d'eau. Il faudra encore un peu d’entrainement à cet IA pour s’adapter aux écosystèmes des autres continents. Mais bientôt, les décharges sauvages ne pourront plus se cacher.

Ce qui pourrait donc obliger les gouvernements locaux à agir ?

La France accueillera, en mai 2023, les négociations d’un traité international sur l’élimination de la pollution plastique. Avec ce nouvel outil de surveillance, les institutions politiques ont les moyens d’agir, de responsabiliser les pays, toutes les régions, et de vérifier que les futures promesses sont tenues. La surveillance par satellite permet déjà de traquer les fuites sauvages de gaz à effet de serre, qui participent au réchauffement, ébauchant une sorte de police climatique mondiale. Et si c’était le début d’une police mondiale antiplastique ?

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