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Les vieux arbres sont les gardiens des forêts

De l'importance de conserver des arbres très anciens dans nos forêts, pour la bonne santé de l'écosystème. Les précisions de Mathilde Fontez. 

Article rédigé par franceinfo - Mathilde Fontez
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Un très vieux hêtre dans une réserve naturelle espagnole, en Catalogne. (Illustration) (ARTUR DEBAT / MOMENT RF / GETTY IMAGES)

Avec Mathilde Fontez, rédactrice en chef du magazine scientifique Epsiloon, à l'heure où l'on parle beaucoup de déforestation, voire de reforestation, on s'intéresse aujourd'hui à des ancêtres indispensables pour l'équilibre de notre planète : les vieux arbres. Une nouvelle étude vient préciser combien il est urgent de les préserver. 

franceinfo : Il ne suffit pas de planter des rangées de nouveaux arbres. Car pour qu’une forêt soit en bonne santé, il faut qu’elle ait de vieux arbres ? 

Mathilde Fontez : Oui, c’est une étude qui chante les louanges des plus vénérables des êtres vivants sur Terre. Ils ont plusieurs centaines d’années. Parfois plus d’un millier. Et il se cachent au cœur des forêts préservées. Ils sont 10 à 20 fois plus âgés que la moyenne des autres arbres qui les entourent.

Ils sont très peu nombreux, ils ne représentent qu’1% de la population d’une forêt. Et pourtant, ce sont eux qui garantissent sa stabilité, sa résistance aux changements climatiques et à toutes les pressions environnementales. Les vieux arbres sont les gardiens de la forêt.  

Un très vieux chêne en Toscane. (Illustration) (ANTONIO BUSIELLO / MOMENT RF)

Ils agissent sur la totalité de l’écosystème ?

C’est la conclusion à laquelle est arrivée Charles Cannon, chercheur à l’arboretum Morton, près de Chicago. Pour en arriver là, il n’a pas mené d’étude sur le terrain. C’est tout simplement impossible. Ces arbres très anciens sont trop peu nombreux pour qu’on puisse espérer les recenser et les échantillonner, comme on le fait pour les études écologiques traditionnelles.

Le chercheur a donc réalisé une étude numérique. À partir des données de terrain sur les populations d’arbres, en particulier les taux de mortalité, il a modélisé l’évolution de forêts virtuelles, sur 150 000 ans – comme une étude démographique des arbres en quelque sorte. Ensuite, il a fait varier les conditions environnementales, les cycles climatiques. Et ce qu’il voit, c’est qu’effectivement, les forêts qui n’ont pas d’arbres anciens résistent moins bien.  

Et on sait pourquoi ?

On le soupçonne. C’est assez logique en fait. Parce que ces arbres, au cours de leur longue vie, se sont particulièrement bien adaptés. Ils ont survécu à la foudre, au feu, aux attaques de parasites, aux sécheresses, au gel. À chaque fois, en s’adaptant génétiquement.

D’autant plus que la génétique des arbres est très plastique : ils peuvent modifier leur ADN sur chaque branche en permanence. Ils n’ont pas un génome unique comme nous. C’est sans doute ce phénomène, multiplié sur des centaines d’années, qui leur donne une incroyable résilience. Et ils la transmettent autour d’eux, en semant de nouveaux arbres d’année en année, renforçant toute la forêt.   

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