Notre motivation à faire du sport dépend de notre microbiome
Notre motivation à pratiquer du sport dépend de notre flore intestinale, car elle joue un rôle clé dans les mécanismes qui régulent les performances physiques.
On se penche aujourd'hui sur notre microbiome, et sur son impact sur nos bonnes résolutions de la nouvelle année. Mathilde Fontez, rédactrice en chef au magazine scientifique Epsiloon, revient sur le travail récent de chercheurs américains qui viennent de découvrir un nouveau pouvoir de notre microbiome.
franceinfo : Ces microbes qui peuplent nos intestins : ils contrôleraient notre envie, notre capacité à faire du sport ?
Oui, un nouveau pouvoir pour ces petites bactéries qui peuplent par milliards de milliards nos intestins. Un pouvoir qui tombe pile pour les résolutions de la nouvelle année. Il faut dire que le rôle de cette flore intestinale est de mieux en mieux connu. Le microbiome participe, par exemple, à prévenir les maladies cardiovasculaires, certains cancers, le diabète, l’obésité. Mais aussi, et c’est ce que montre cette équipe de chercheurs de l’université de Pennsylvanie, cette flore participe à nos activités sportives.
Ces bactéries nous poussent à faire du sport ?
C’est un peu ça, par voie chimique. Les chercheurs ont découvert cet effet sur les souris, en étudiant tous les circuits neuronaux liés à l’activité sportive en présence, ou en l’absence de microbiome. Et ce qu’ils ont démontré, c’est que sans bactéries, les souris ont globalement de bien moins grandes performances sportives.
En particulier, ils se sont aperçus que le microbiome déclenche la diminution d’une enzyme, dans le cerveau, qui dégrade la dopamine. C’est ça qui provoque un pic de dopamine, au moment où on fait du sport. Dans l’expérience, les souris qui étaient privées de microbiome n’avaient pas ce pic. Or, c’est lui qui enclenche le fameux circuit de la récompense.
Ce sont ces bouffées de dopamines qui nous incitent à prolonger nos efforts quand nous sommes en train de faire du sport. Ce sont elles, aussi, qui nous donnent l’envie, l’énergie, la motivation, de faire des efforts physiques.
Comment ces bactéries, qui sont dans les intestins, agissent-elles sur le cerveau ?
Elles agissent localement, dans le colon : elles produisent des molécules qui activent des signaux nerveux. Ces signaux se propagent jusqu’à la moelle épinière, le système nerveux central, et le cerveau. Reste maintenant à prouver que cette étude chez la souris est valable aussi chez l’homme.
On sait que bien d’autres facteurs interviennent dans notre envie de nous lancer dans un footing – ne serait-ce que la météo. Mais ce résultat semble cohérent, avec tout ce qu’on sait déjà du microbiome humain.
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