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Nous sentons les odeurs en stéréo

Des chercheurs viennent de découvrir que l’on sent les odeurs en stéréo...
Article rédigé par franceinfo - Mathilde Fontez
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Notre cortex piriforme traite les informations oflactives. (Illustration) (WESTEND61 / GETTY IMAGES)

Mathilde Fontez, rédactrice en chef du magazine Epsiloon, nous parle des travaux d’une équipe de chercheurs américains, qui a reconstitué le chemin des odeurs dans notre cerveau, et qui trouve une différence entre nos deux narines.  

franceinfo : Ces recherches récentes sur le chemin des odeurs, que démontrent-elles ? 

Mathilde Fontez : Nous avons deux narines, mais est-ce que c’est un avantage ? Est-ce qu’il s’agit juste du même détecteur, qui capte la même chose ? Ou bien est-ce que ces deux canaux nous permettent de sentir plus finement le café du matin, l’odeur grillée des tartines. 

Ce sont toutes ces questions que des chercheurs se sont posées, à l’université de Pennsylvanie, aux États-Unis. Et pour y répondre, ils ont eu la chance de mener leur investigation directement dans le cerveau, le cerveau humain. Une opportunité rare. 

Ils ont utilisé des électrodes pour suivre l’activation des zones cérébrales ?

Oui, et sur des patients éveillés. Ce sont des patients épileptiques qui subissaient une opération chirurgicale pour identifier les zones du cerveau responsables des crises. Les chercheurs américains ont pu ajouter leur protocole expérimental au protocole chirurgical, et présenter différentes odeurs aux patients, parfois à une seule narine, parfois aux deux, tout en suivant précisément l’activité du cerveau, en particulier une zone, où sont traitées les informations olfactives : le cortex piriforme. 

Et qu’est-ce qu’ils ont vu ? 

Ils ont vu deux chemins neuronaux, deux voies, une pour chaque narine. Le cerveau est capable de différencier les temps d’arrivées des odeurs, d’une narine à l’autre : quand l’odeur était transmise d’un seul côté, ce côté réagissait en premier dans le cerveau, la réaction du côté opposé était un peu décalée. 

Le cerveau semble aussi renforcer l’odeur quand elle touche les deux narines : il reconnaît l’odeur plus rapidement, comme s’il y avait une sorte de synergie. Bref, nous sommes bel et bien capables de coder dans quelle narine entre une odeur, nous percevons – inconsciemment - la différence. 

Ça nous permet de sentir d’où viennent les odeurs ? 

En tout cas, ça affine notre perception, disent les chercheurs. Mais on reste très loin des performances de certains animaux. Comme les rats : ils sont capables de se diriger en fonction de la différence de concentration d’odeur dans leurs deux narines. Ou le requin aussi qui capte le décalage dans le temps entre les deux narines pour identifier une cible et attaquer. 

Il semblerait que plus les animaux ont des narines espacées, plus ce système est performant – ça pourrait être le secret évolutif de l’efficacité du requin-marteau. Rien de tout ça chez nous, mais tout de même, nous sentons en stéréo.

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