On a découvert un trou noir proche de la Terre
L’annonce peut faire un peu peur. Mais il n’y a en fait pas de quoi s’inquiéter : juste être fasciné par l’incroyable monde dans lequel nous vivons. Un trou noir vraiment sombre. Une découverte qui fera date.
C'est un trou noir 10 fois plus lourd que le Soleil et 100 millions de fois plus petit – et donc si dense, que même la lumière ne peut s’en échapper. Les précisions d'Hervé Poirier, rédacteur en chef au magazine scientifique Epsiloon.
franceinfo : Et ce monstre cosmique n’est qu’à 1500 années-lumière d’ici ?
Hervé Poirier : C’est-à-dire que la lumière, s’il en émettait, mettrait 1500 ans à nous parvenir. D’accord, ce n’est pas juste à côté (il ne faut à la lumière que 8 minutes pour arriver du Soleil), mais à l’échelle de la Voie lactée, c’est la proche banlieue – cela représente un petit peu plus de 1% de la taille de notre galaxie.
Cela fait une centaine d’années que les physiciens fantasment sur ces trous noirs. Et cette dernière découverte fera date. Pas seulement parce que c’est le plus proche de la Terre jamais découvert – trois fois plus proche que le précédent record. Surtout parce que c’est le premier trou noir vraiment sombre.
Qu’est-ce que ça veut dire vraiment sombre ?
Les 20 autres trous noirs connus jusqu’ici dans la Voie lactée sont tous en train de dévorer des nuages de gaz ou une étoile alentour : ils sont donc relativement faciles à détecter, grâce aux rayons X émis lors de ce très violent festin. Mais là non : ce trou noir dort, tapi dans son obscurité. Là, à son endroit, les télescopes ne voient littéralement rien. Aucune lumière.
Comment on sait qu’il est là, si on ne voit rien ?
C’est la grande question que l’on se pose depuis 100 ans. Son existence a en fait été démontrée grâce à son compagnon qui lui tourne autour : une étoile tout à fait comparable à notre Soleil. Le mouvement bizarre de cet étoile, enregistré par le télescope spatial Gaïa, avait intrigué des astrophysiciens. Et leurs calculs sont finalement formels : la seule façon d’expliquer cette trajectoire est la présence aux alentours d’un compagnon dix fois plus lourd, et infiniment plus sombre – les chercheurs se demandent même s’il n’y a pas en fait deux trous noirs, rapprochés, qui tournent l’un autour de l’autre.
Et cette découverte en appelle d’autres ?
Le simple fait que celui-ci soit le plus proche laisse penser que les trous noirs dormants sont plus nombreux que les voraces. L’équipe estime pouvoir en trouver rapidement, une douzaine d’autres dans les données de Gaïa, qu’ils sont en train d’analyser. Sachant que les modèles prédisent qu’il y a encore 100 millions de trous noirs dans la galaxie.
Jusqu’ici, on n’avait vu dans le ciel que les plus agités. On commence à apercevoir les autres, beaucoup plus nombreux, qui sont là, autour de nous, impavides, tapis dans le noir. On commence à voir la face obscure de la galaxie…
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