Pourquoi les caresses nous excitent : découverte d'une nouvelle population de neurones chez la souris femelle
Le billet science du weekend avec Hervé Poirier, rédacteur en chef au magazine scientifique Epsiloon, évoque aujourd'hui la découverte d’une nouvelle population de neurones liés au plaisir sexuel.
franceinfo : Des neurones qui s’activent avec les caresses et qui déclenchent le désir sexuel : de quoi s'agit-il ?
Hervé Poirier : Ces neurones, en fait, ne sont pas dans le cerveau, mais dans nos bras, dans nos cuisses : ils s’enroulent à la base des poils, quatre millimètres sous la peau. Ils font partie des neurones des caresses, découverts il y a 30 ans, et étudiés avec une grande attention depuis.
Il ne faut pas les confondre avec les neurones du toucher, qui permettent de distinguer les textures, les températures, de tenir un objet en main, ou prévenir d’un danger par un signal de douleur : les neurones des caresses ne sont sensibles qu’aux "stimulations mécaniques à bas seuil", comme disent les scientifiques.
Ces neurones singuliers ciblent la sensation de douleur (ça fait du bien une caresse sur un bobo), l’anxiété (ça console aussi), ou les relations sociales (d’où l’importance du contact tactile avec les bébés). Là, c’est plus cru : ces tout nouveaux travaux démontrent l’existence d’une sous-population de ces neurones des caresses, spécialement dédiés au désir sexuel.
Mais comment ça marche ?
Les travaux, réalisés par un groupe d’une vingtaine de scientifiques, ont ciblé chez des souris femelles cette petite sous-population de neurones, qui avait été jusqu’ici très peu étudiée. Ils les ont rendus sensibles à la lumière : ils peuvent être activés ou inactivés à la demande, simplement en les éclairant – une technique appelée "optogénétique".
Ils ont alors démontré que leur activation par la lumière suffit à déclencher la réceptivité sexuelle : en particulier, les souris se cambrent dans la position caractéristique de la lordose, avec la colonne vertébrale qui s’avance au niveau du ventre, une position réflexe des mammifères femelles qui facilite la copulation.
Ils ont aussi montré que leur désactivation les rend insensibles aux caresses de leur prétendant. Et que ces neurones en activent d’autres, tout au fond du cerveau, connus pour être dédiés au plaisir et à la récompense, avec en particulier la libération de dopamine. La démonstration est très convaincante : voici les neurones des caresses sexuelles !
Et c’est vrai aussi pour nous ?
Oui, la souris est un bon modèle : nous avons surement sous la peau, nous aussi, des cellules prêtes à être émoustillées. C’est vrai pour les femmes – même si le réflexe copulatoire de lordose n'y est plus fonctionnel. C’est vrai aussi pour les hommes – avec d’autres réactions physiologiques. Alors, avis à tous les amants : ne négligez pas le pouvoir des caresses !
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