Pourra-t-on un jour dialoguer avec des animaux ?
C'est un vieux rêve de l'homme, celui de pouvoir dialoguer avec des animaux. Ou tout au moins comprendre leur langage. Un vieux rêve que l’intelligence artificielle est peut-être en train de revitaliser. Explications avec Hervé Poirier, rédacteur en chef au magazine Epsiloon.
franceinfo : Cette idée est-elle vraiment sérieuse ?
Hervé Poirier : Oui ! Des chercheurs américains sont, par exemple, en train de rassembler les enregistrements de dizaines de milliers de clics de cachalots. Une chercheuse danoise décortique, elle, des cris de cochons. Une éthologue américaine enregistre des barrissements d’éléphants. Un autre, en Italie, s’attaque aux miaulements des chats. Une Allemande s'intéresse aux croassements des corbeaux, un Américain aux aboiements des chiens, etc.
Le point commun entre tous ces projets en cours ? S’appuyer sur la nouvelle puissance des intelligences artificielles pour décoder le langage des bêtes. Ces "zoolinguistes", que nous avons interrogés, sont convaincus que ChatGPT et ses avatars - qui sont en train de révolutionner notre rapport au langage humain - vont aussi permettre de mettre au point les premiers traducteurs automatiques des paroles animales.
Mais ça marche vraiment ?
Pas encore, non. Les premières applis qui sortent, en particulier pour les chats et les chiens, restent grossières et aléatoires. Mais, parmi cette frénésie de projets, certains algorithmes commencent à mettre au jour des syntaxes rudimentaires, à faire des liens entre des sons, des contextes et des comportements. Et au vu de la puissance des nouvelles IA, c’est principalement une question de temps : en assemblant une masse critique d’enregistrements sonores contextualisés, le miracle va s’opérer de lui-même.
Quel est le but ? De quoi on va parler avec tous ces animaux ?
Pas sûr que les baleines soient passionnées par notre débat sur la réforme des retraites… Certains promettent qu’avoir accès aux paroles des animaux va nous permettre d’améliorer leur bien-être, de mieux les protéger. D’autres s’inquiètent au contraire de l’éthique de ces projets. A la manière de l’appeau du chasseur qui attire le gibier, cela ouvre la porte à de multiples façons de manipuler les animaux, d’exploiter ou de domestiquer des espèces sauvages, d’altérer des cultures animales… « Nous sommes en train d’étudier les principes de gouvernance et de garde-fous à mettre en place pour que ces techniques soient employées au bénéfice des espèces non humaines », nous a confié une chercheuse qui étudie le langage des cétacés. Une folle aventure technologique qui ne fait que commencer.
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