Un accord avec SpaceX aux États-Unis, sur la pollution lumineuse
Mathilde Fontez, rédactrice en chef au magazine Epsiloon évoque aujourd'hui un accord qui vient d’être signé entre l’entreprise SpaceX et la NSF, la fondation des sciences américaines, pour lutter contre la pollution lumineuse.
franceinfo : Que va changer cet accord Mathilde ?
Mathilde Fontez : Cette pollution lumineuse, c’est une préoccupation grandissante depuis quelques années : depuis qu’on envoie des satellites en orbite par dizaines, pour former des constellations et créer un réseau internet. Le premier acteur dans ce domaine – celui qui totalise aujourd’hui le plus de ces satellites en orbite – c’est SpaceX, l’entreprise d’Elon Musk : il en a déjà envoyé plus de 2000, et compte en propulser 40 000 au total, pour sa constellation Starlink.
Sauf que le problème, c’est que ces satellites réfléchissent et diffusent la lumière du Soleil : adieu la nuit noire. On peut tous les voir ces satellites Starlink, quand ils passent dans le ciel : un alignement de points brillants qui bougent, comme des étoiles. Une étude a montré l’année dernière qu’à certains moments de la nuit, la luminosité a déjà augmenté de 10% par rapport au naturel.
Or, ces lumières parasites éblouissent en particulier les observatoires astronomiques, qui ont besoin d’un noir complet. Et aucune règle, jusque-là, ne contraignait les opérateurs dans l’espace. Mais aujourd’hui ça commence, avec cet accord aux États-Unis, qui a été annoncé il y a quelques jours, lors du meeting de la société américaine d’astronomie.
Que dit cet accord ?
Il contraint SpaceX à réduire la luminosité de ses satellites. En gros, ça revient à les peindre en noir. Des tests ont déjà été réalisés, en 2020 : ça marche en partie. Ces peintures plus sombres devraient se généraliser. Il y a aussi d’autres options comme des caches pour la lumière du soleil, des revêtements pour les panneaux solaires des satellites.
L’accord avec la NSFoblige SpaceX à réduire la brillance des satellites pour qu’ils redeviennent invisibles à l’œil nu. L’entreprise va aussi devoir couper les émissions radio de ses satellites lorsqu’ils survolent les principaux radiotélescopes.
Mais l’accord n’engage que SpaceX ?
Oui. Alors qu’il y a d’autres acteurs : il y a OneWeb, une filiale d’Amazon, qui prévoit de commencer à envoyer sa constellation Kuiper cette année – plus de 3 000 satellites ; il y a la constellation du canadien Telesat, la constellation européenne, la constellation chinoise… Ça reste le grand bazar en orbite : une zone de non-droit, où chacun peut faire presque ce qu’il veut.
Et cet accord ne règle pas l’autre gros problème posé par ces constellations de satellites : les déchets spatiaux. Il y a actuellement 9 000 tonnes de débris en orbite, 36 000 débris de plus de 10 centimètres. Ce qui pose des problèmes de risques de collisions. Malgré ce premier accord, l’orbite continue d’être un champ de bataille, dans tous les sens du terme.
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