Alerte aux molécules chimiques : des scientifiques plaident pour la création d'un Giec de la chimie planétaire
Invisibles mais parfois dangereuses, les molécules chimiques se retrouvent partout dans l'environnement. La fondation de l’Académie de médecine milite pour qu'un groupe d'experts internationaux se penche sur leurs effets sur la santé. En fait, il faudrait un Giec de la chimie planétaire, comme il existe un Giec du climat. La fondation de l'Académie de médecine vient de publier un livre blanc en ce sens, mercredi 31 janvier. Environ 40 000 à 60 000 produits chimiques polluants sont commercialisés dans le monde.
Ces produits nous sont utiles bien sûr dans nos objets de la vie quotidienne, dans les matériaux de construction, les médicaments, l’alimentation, les carburants, etc. Mais leur accumulation peut aussi polluer le sol, l'eau, ou l'air. La pollution chimique serait ainsi responsable de neuf millions de décès prématurés chaque année dans le monde, un million rien qu'en Europe, des décès auxquels s'ajoutent de possibles troubles de la reproduction, des troubles respiratoires, neurologiques, des allergies, ou des cancers. Et pourtant, indiquent ces experts de l’Académie de médecine, les liens entre pollution chimique et santé ne sont pas assez documentés, d'où cet appel à créer un groupe international d'experts sur les pollutions chimiques. Certains disent aussi un Giec de l’exposome.
Mettre régulièrement à jour les connaissances
Ce terme, que nous risquons d'entendre de plus en plus désigne l’ensemble des pollutions auxquelles l'être humain est exposé tout au long de sa vie. Même si des études en laboratoire permettent de déterminer l'effet d’une molécule sur un organisme vivant à un instant T. Le problème reste de connaître les effets cumulés dans le temps de l’ensemble des pollutions environnementales auxquelles nous sommes confrontés de la naissance à l'âge adulte, et les conséquences à long terme de cet effet cocktail, sur le patrimoine génétique, sur le système hormonal ou cellulaire. Une molécule peut être inoffensive à faible dose mais toxique si elle est associée à d’autres polluants.
Dans ce contexte l’ONU a désigné, en 2020, la pollution chimique environnementale comme l’une des trois crises planétaires –interconnectées avec le climat et la biodiversité.
Ce Giec de la chimie pourrait fonctionner comme pour le climat. L’idée serait de mettre régulièrement à jour les connaissances scientifiques qui font consensus au niveau international sur ces pollutions chimiques et de rédiger régulièrement des rapports à destination des décideurs pour mieux prévenir les risques. L'idée de ce GIEC de la chimie, des déchets et des pollutions, commence d’ailleurs à faire son chemin à l’international. Son principe a été acté par l’ONU, lors d'un sommet au Kenya, il y a deux ans. Il reste maintenant à passer du principe aux actes, mais une autre réunion de travail est prévue à ce sujet en juin prochain en Suisse.
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