Cancer : bientôt des chimiothérapies simplifiées sans passage par l’hôpital ?
Les patients atteints de cancers pourront-ils profiter de chimiothérapies simplifiées à domicile dans quelques années ? Les travaux de chercheurs français laissent entrevoir cet espoir.
Aujourd’hui, beaucoup de chimiothérapies, ces traitements qui permettent la destruction des cellules cancéreuses et qui sont des produits très agressifs, s’administrent par voie intraveineuse. Il s'agit d'injections qui doivent se faire à l’hôpital. Pour réduire cette contrainte : il existe déjà certaines chimiothérapies orales, par comprimés, mais elles ne fonctionnent pas pour tous les cancers. Une autre solution serait de pouvoir injecter ces chimiothérapies en mode sous-cutané, une injection sous la peau sans chercher de veine, car ce geste moins invasif peut se faire à domicile.
Certaines injections sous-cutanées existent, mais elles restent marginales car la plupart des principes actifs anticancéreux ont tendance à stagner sous la peau. Or, très irritants, ils abîment les tissus autour du point d’injection mais sans se diffuser dans l’organisme. C’est pour cela que les travaux que viennent de publier des chercheurs français, rattachés au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) et à l'université Paris Saclay, sont encourageants.
Ils ont en effet réussi à traiter des souris atteintes de cancer du sein avec une telle injection et une chimiothérapie contenant du taxol, un principe actif couramment utilisé pour traiter notamment les cancers du sein de l’ovaire ou de la prostate.
Ça fonctionne chez les souris
L’astuce est qu'ils ont accouplé le principe actif de la chimiothérapie, qui, normalement n'est pas soluble et stagne sous la peau, avec une autre molécule : un polymère, qui, lui, est très soluble. C’est donc un peu comme si on attachait un flotteur à l’anticancereux, qui peut, de cette façon franchir les tissus de la peau, par les capillaires sanguins, et arriver dans la circulation générale.
Une fois dans le sang, le polymère hydrophile se détache et il est évacué par les reins. Chez les souris, l'efficacité est même meilleure qu'avec l'administration en intraveineuse, explique ainsi Julien Nicolas, directeur de recherche au CNRS et auteur principal de l'étude. Après ces résultats prometteurs chez l'animal, la technique doit donc encore prouver son efficacité sur l'homme. Des essais cliniques pourraient démarrer en 2024.
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