Captures accidentelles de dauphins : en hiver, les cétacés suivent les bancs de sardines et se retrouvent piégés par les filets de pêche
Lors de l’hiver 2022, plus de 1300 cadavres de dauphins ont été repêchés ou se sont échoués sur le littoral atlantique, selon l’observatoire Pelagis, qui associe le CNRS et l'université de La Rochelle. Une grande majorité de ces dauphins présentaient des traces de captures accidentelles par des filets de pêche. Comment ces cétacés qui évoluent plutôt près de la surface peuvent-ils se retrouver prisonniers de filets qui se trouvent au fond de l’eau. Pour mieux comprendre ce phénomène, une trentaine de scientifiques, de l'Ifremer notamment, ont donc lancé en 2022 des recherches sur les interactions entre dauphins, bancs de poissons et bateaux de pêche. Leurs derniers résultats sont instructifs.
Les scientifiques ont eu la surprise de découvrir, que l'hiver, près des côtes, des bancs de petits poissons, notamment des sardines, s'installent au fond de l’eau sur plusieurs kilomètres. Ils sont installés en plusieurs couches et sont très peu mobiles. Les scientifiques n'avaient encore jamais observé ce comportement. Leur hypothèse, selon Mathieu Doray, chercheur à l’Ifremer, c'est que l’hiver, ces poissons économisent leur énergie en restant statiques au fond de l’eau. Les dauphins en plongeant pour se nourrir, dans ce garde-manger bien garni, se retrouvent prisonniers de filets de pêche qui se trouvent aussi au fond.
Cartographier les zones à risque
Ces travaux valident donc la pertinence de fermeture de zones de pêche l’hiver pour protéger les cétacés. La décision annoncée, jeudi 26 octobre, ne s’appuyait pas sur ces travaux-là. Mais effectivement, comme depuis 2018 le nombre de décès de dauphins par captures accidentelles dans le golfe de Gascogne dépasse la limite permettant la conservation de l'espèce, les restrictions de pêche s'imposaient.
La fermeture d’un mois annoncée est néanmoins jugée insuffisante par les ONG. Les chercheurs de l’Ifremer qui ont suivi cet hiver, à l’aide d’un drone sous-marin, les déplacements de dauphins et de poissons, sont en train de tenter de cartographier les zones les plus à risque pour les dauphins. Leur travail de recherche doit s'étaler jusqu’en 2025 et devrait permettre des mesures spécifiques d'interdiction de la pêche dans les zones les plus sensibles.
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