Cet article date de plus d'un an.

Changement climatique : l'étude des troncs d'arbres prouve le recul de la neige dans les Alpes

Cette équipe scientifique italienne confirme que la neige n’a jamais été aussi peu abondante dans les Alpes qu’aujourd’hui.

Article rédigé par Anne Le Gall
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Faible enneigement sur les sommets dans les Alpes-Maritimes, le 5 janvier 2023. (JEAN FRANCOIS OTTONELLO / MAXPPP)

C'est un voyage météo inédit dans le passé. Des chercheurs de l'université de Padoue et du Conseil national de la recherche de Bologne ont réussi à retracer 600 ans d’enneigement dans le Val Ventina, une région des Alpes italiennes. Ils ont pu constater que la durée d’enneigement autour de 2 000 mètres a été raccourcie d’un peu plus d’un mois (36 jours en moyenne) en l’espace d’un siècle, avec une accélération depuis 50 ans. 

>> "J'ai encore de la neige d'il y a 10 ans" : le défi du déneigement dans la ville de Montréal

D'autres travaux ont déjà montré que l’enneigement sur l’ensemble des Alpes en Europe recule d’environ 5 jours tous les 10 ans depuis les années 70. Mais ce qui est inédit ici, c’est que l'on a une vision de l'enneigement sur 600 ans, soit depuis la fin du Moyen-âge. Et le bilan est clair : le manteau neigeux n'a jamais été aussi éphémère.

Les "cernes" des genévriers, témoins du passé

Les plus anciens relevés d’enneigement datent du 18e siècle. Pour savoir à quoi ressemblaient les hivers auparavant, il a fallu ruser en étudiant les cernes des arbres. Chacun de ces anneaux correspond aux couches de cellules qui se développent chaque année quand la sève circule et que le tronc grossit. Ici, les chercheurs ont étudié plus de 500 échantillons de troncs de genévriers, des arbres d’altitude qui ont la particularité de vivre longtemps et qui poussent couchés sur le sol. Leur croissance s'arrête dès qu'il y a de la neige au sol, et ces périodes d'arrêt de croissance se lisent dans la largeur de leurs cernes. C’est pour cela que ces genévriers archivent indirectement les niveaux d’enneigement du passé.

"C’est une étude très robuste, et cette méthodologie mériterait d'être répétée dans d'autres régions des Alpes" confirme Samuel Morin, chercheur au CNRS et à Météo France. Ce recul du manteau neigeux, lié au réchauffement climatique, n'a pas que des conséquences sur l'économie des stations de ski. La neige des Alpes est aussi un réservoir d'eau qui alimente de grands fleuves comme le Rhône, le Rhin ou le Pô. Une diminution de cette réserve d'eau risque d'avoir des répercussions sur l’environnement local et notamment sur l'agriculture l'été.

Consultez lamétéo
avec
voir les prévisions

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.