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Climat : en Antarctique aussi, il fait beaucoup trop chaud

Deux publications viennent de paraître, particulièrement alarmantes sur l’Antarctique. La banquise n’a jamais été aussi petite en juillet et la calotte glaciaire pourrait ne pas survivre à une hausse mondiale de 2°C.

Article rédigé par franceinfo - Bérengère Bonte
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Les restes de glaciers dans la région de Magallanes (Chili). (JOHAN ORDONEZ / AFP)

L’Antarctique, c’est à la fois un continent glacier, ce qu’on appelle la calotte glacière, et une banquise posée sur l’eau (un gros glaçon d'eau de mer) qui fond en été et se reconstitue quand le froid revient. Parfois, on confond les deux. Là, en plein hiver austral, période la plus froide de l’année, les données satellites de Copernicus, le programme de l’Union européenne sur le changement climatique, nous indiquent donc que la banquise est plus petite qu’elle ne l’a jamais été en juillet, en tout cas depuis 44 ans que les mesures existent.

Seulement 15,3 millions de km2 se sont reformés. C’est 7% de moins que sa taille moyenne. Cela confirme malheureusement les observations de février – à la fin de l'été austral – alors que jusqu’à présent, l'Antarctique semblait mieux résister au changement climatique que l'Arctique. Est-ce que la banquise en fondant fait monter le niveau de l’océan ? Non ! le glaçon était déjà immergé dans l’eau, donc on garde la même quantité, le niveau ne monte pas.

Mais on apprend, dans une publication de la revue Nature, que le continent antarctique, cette fois, risque de disparaître lui aussi si la température mondiale augmente de 2°C et pour le coup de faire monter le niveau général des océans de plusieurs mètres. Puisque cette fois c’est toute la neige, venue du ciel, qui tomberait à l'eau. Potentiellement, l'équivalent de 52 mètres de niveau de la mer. D’où l’idée "de ne pas réveiller ce géant endormi", expliquent les chercheurs britanniques, australiens et français.

En réalité, les deux phénomènes se complètent

En temps normal, la banquise a un rôle protecteur : elle enserre le continent, le protège des tempêtes, des vagues et évite le détachement d’icebergs. Au passage, en fondant, elle aggrave encore un peu le réchauffement puisque là où la partie blanche renvoyait l’énergie du soleil, l’océan, sombre, l’absorbe davantage. En tout cas, ce que disent les chercheurs dans cette nouvelle publication du mercredi 10 août c'est que, en observant les récentes périodes chaudes et en les croisant avec différents scénarios d’émission de gaz à effet de serre et de températures sur la calotte glaciaire d’ici 2100, 2300 et 2500 : la partie orientale sera très sensible à un réchauffement même faible.

Une lueur d’espoir quand même : "Le sort de la calotte glaciaire de l'Antarctique orientale reste en grande partie entre nos mains", dit le principal auteur. Si on reste sous les 2°C de hausse mondiale, la hausse du niveau de la mer ne dépasserait pas 50 cm d’ici l’année 2500. L'objectif des accords de Paris c'est +1,5 mais qu'on est sur une trajectoire de 2 cm ou 3c m actuellement.

En tout cas, cela confirme que nous sommes dans une année anormalement chaude. Juillet a été l’un des trois plus chauds jamais enregistrés dans le monde, selon l’Organisation météorologique mondiale. À Grenoble, à l'Institut des géosciences de l'environnement on sait déjà que le bilan 2022 des glaciers va être catastrophique. "Pas de conclusion hâtive", avertit toutefois le glaciologue Olivier Gagliardini, le climat clairement se réchauffe, mais la météo pourrait aussi bien, l'été prochain, être plutôt froide.

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