Cyclone Chido à Mayotte : les autorités sanitaires redoutent désormais le possible démarrage d’épidémies

Alors que le réseau de distribution d’eau potable et d'assainissement est hors service, la consommation par les habitants d'une eau sale ou polluée pourrait non seulement entraîner des gastro-entérites, mais aussi des cas de fièvre typhoïde, de leptospirose ou encore de choléra.
Article rédigé par Anne Le Gall
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Une femme récupère des packs d'eau potable en bouteille dans un point de distribution du district de Majicavo à Mamoudzou, sur l'île de Mayotte, le 19 février 2024. (JULIEN DE ROSA / AFP)

À Mayotte, alors que le cyclone Chido a ravagé l'île samedi, trois jours plus tard, la situation est, mardi 17 décembre, "chaotique" et le bilan humain continue de "s'alourdir", annonce le maire de Mamoudzou, chef-lieu de Mayotte. Ambdilwahedou Soumaila fait état mardi matin de "22 morts, 48 blessés graves et 1 421 blessés légers", rapportant les dernières données collectées auprès du centre hospitalier de Mayotte.

Les autorités sanitaires craignent désormais le risque de déclenchement d’épidémies. Le réseau de distribution d’eau potable et d'assainissement est hors service, et le risque est la propagation de bactéries ou de virus via de l’eau impropre, prélevée dans des puits ou des rivières. La consommation par les habitants de cette eau sale ou polluée pourrait non seulement entraîner des gastro-entérites, mais aussi des cas de fièvre typhoïde, de leptospirose (en lien avec les rats) ou encore de choléra. Le choléra a d’ailleurs déjà touché plus de 200 personnes à Mayotte entre février et juillet 2024.

La fièvre, les troubles intestinaux et la déshydratation fulgurante liés à cette maladie transmise par une bactérie exigent un diagnostic et une prise en charge rapides. En cas de reprise épidémique, ce serait un défi sanitaire majeur nécessitant des renforts médicaux.

La fiabilité du réseau d’eau potable

Mayotte avait réussi à endiguer cette épidémie de choléra depuis quatre mois. Elle a pu être stoppée cet été grâce à l’administration d'antibiotiques et à la vaccination de 30 000 personnes. Mais une lutte efficace et durable passe aussi par la fiabilité du réseau d’eau potable et des conditions d'hygiène minimales pour la population, ce qui ne peut plus être garanti dans l'immédiat.

Autre préoccupation, des travaux de l’Institut Pasteur ont récemment établi que la souche de choléra qui a circulé à Mayotte a la particularité d'être plus virulente que la moyenne, avec un risque de résistance aux traitements. Par ailleurs, la chaleur pourrait encore compliquer la situation. Il fait actuellement entre 25 et 30 degrés à Mayotte. Au-delà du problème d'accès à l’eau potable, l'île entre également dans la saison des moustiques, avec un risque de transmission à la population de virus tels que la dengue ou le chikungunya. Ces maladies entraînent des symptômes plus ou moins marqués : fièvre, maux de tête et douleurs articulaires. Si les cas se multiplient dans les semaines à venir, la prise en charge des patients les plus atteints augmentera encore la pression sur un système de santé déjà exsangue.

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