Disparitions en montagne : 60 ans après, le mystère du col de Dyatlov résolu par la science (et "La Reine des neiges")
Les éléments scientifiques qui ont permis à la police russe de comprendre le mystère du col de Dyatlov viennent d'être publiés. Ce n'est pas sûr qu'ils mettent fin aux folles rumeurs qui entourent la disparition énigmatique d'une dizaine de randonneurs dans cette région de l'Oural, en février 1959.
La disparition des randonneurs du col de Dyatlov, sur le versant est de Kholat Syakhl ("La montagne Morte") dans la chaîne de l'Oural, au centre de la Russie, a tous les ingrédients d'un thriller. En février 1959, un groupe d'étudiants et leur professeur de sports de l'école polytechnique de l'Oural partent en expédition pour une randonnée de plus de 300 km. Mais ils ne reviendront jamais. Quelques semaines plus tard, leur campement sera retrouvé puis leurs corps seront découverts atrocement mutilés, avec des blessures internes, le crâne fracassé, déshabillés pour certains. Leurs tentes déchirées de l'intérieur.
Une enquête criminelle est ouverte. Les photos, les journaux de bord de l'expédition aident les policiers qui concluent par l'oeuvre d'une "force naturelle irrésistible". Les proches des victimes et les habitants des alentours restent sur leur faim. Ce mystère va devenir le mystère de Dyatlov, du nom d'un des disparus, et alimenter les plus folles rumeurs : l'oeuvre d'un Yéti, d'un extra-terrestre, ou plus prosaïquement une opération militaire secrète.
Les limites de la piste de l'avalanche
L'option la plus rationnelle semble être dès le début celle d'une avalanche. Mais la pente est très douce, il n’a pas neigé pendant l'expédition et pourquoi une avalanche se serait-elle déclenchée plus de 9 heures après l’implantation de leur campement ? C’est ce qui a intrigué Alexander Puzrin, ingénieur en géotechnique à Zurich et dont l’épouse vient de cette zone de Russie longtemps hantée par ce mystère. Avec l’aide d’un collègue suisse, ils ont découvert que les vents polaires qui ont soufflé cette nuit-là avaient accumulé suffisamment de neige pour créer un gros bloc, de la taille d’un SUV, juste au-dessus du campement.
Les moyens de "La Reine des neiges" et de General Motors
Ils ont demandé l’aide des studios Disney, en particulier aux informaticiens qui avaient conçu les animations du film La Reine des neiges. Ils ont rentré leurs paramètres météorologiques et topographiques dans leur logiciel pour modéliser l’accumulation de neige. Ils ont aussi associé leurs données à celles que General Motors avait recueilli sur les blessures provoquées par des crash-tests de leurs voitures de la taille d'un SUV. Les deux chercheurs viennent de publier leurs travaux dans la revue Communication earth and environnement, montrant ainsi pourquoi la version d’une petite avalanche retardée expliquait ce mystère des randonneurs disparus de l’Oural.
La petite avalanche retardée confirmée
Surpris dans leur sommeil, écrasés par ce gros bloc de neige accumulée pendant la nuit par les vents alors qu’ils dormaient sur leurs skis très rigides. Les jeunes gens ne sont pas morts sur le coup ou asphyxiés par la neige comme cela arrive dans les avalanches en général mais d’hypothermie. Ils sont sortis de leurs tentes et ont tenté de survivre en chaussettes pour certains mais ils étaient blessés, incapables de marcher et ne voulaient pas laisser les autres camarades.
La police avait rouvert l’enquête il y a deux ans et a conclu sur la base des éléments scientifiques que c’était bien une avalanche qui avait tué les randonneurs. Voila désormais les éléments scientifiques enfin publiés. Comme quoi la science peut résoudre bien des mystères, même s’il lui faut 62 ans pour le faire.
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