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L'aspartame "peut-être" cancérogène selon l'OMS, faut-il changer d'urgence nos habitudes ?

Cet édulcorant sans valeur nutritive est largement utilisé depuis les années 1980 comme édulcorant de table, mais on le retrouve également dans de nombreux domaines du quotidien.
Article rédigé par Anne Le Gall
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
De l'aspartame sur une petite cuiller. (HENDRIK SCHMIDT / DPA)

Le signal d'alerte est sonné : l'Organisation mondiale de la santé (OMS) considère désormais que l'aspartame, cet édulcorant artificiel utilisé dans les sodas, est "peut-être cancérogène pour l'homme", mais la dose journalière considérée comme étant sans risque reste inchangée. 

Après examen de 1 300 études scientifiques, le Centre international de recherche sur le cancer (Circ), au sein de l'OMS a en effet placé l'aspartame dans le groupe 2B sur la base des "indications limitées" relatives au cancer chez l'homme, en particulier, pour le carcinome hépatocellulaire, qui est un type de cancer du foie.

De 9 à 14 canettes "light" par jour

Mais ces travaux ne permettent absolument pas de dire à partir de quelle consommation d'aspartame, ce risque de maladie apparaît. C'est pour cela que l'organisme chargé de traduire les données scientifiques, en recommandations qui est une instance différente, a, de son côté, choisi de ne pas modifier aujourd'hui ses conseils aux consommateurs. Selon ces recommandations, un adulte de 70 kilos peut donc toujours consommer théoriquement sans risque entre 9 et 14 canettes de boissons "light" par jour. Reste que l'aspartme est également incorporé aux plats préparés, aux chewing-gums, à la gélatine, aux crèmes glacées et aux céréales pour petit-déjeuner, ainsi qu'aux médicaments, tels que les pastilles contre la toux, et à d'autres produits comme le dentifrice... 

Par ailleurs, le Comité mixte d'experts des additifs alimentaires de l'OMS et de la FAO (agence de l'ONU pour l'alimentation et l'agriculture) s'est quant à lui réuni du 27 juin au 6 juillet pour évaluer les risques liés à l'aspartame. Il a conclu que les données évaluées ne fournissaient aucun motif suffisant justifiant une modification de la dose journalière admissible établie depuis 1981 à un maximum de 40 mg par kilogramme de poids corporel et donc qu'une personne peut consommer de l'aspartame "sans risque" dans la limite de cette quantité journalière.  

Il n'y a que les très gros consommateurs d'aspartame qui doivent s'inquiéter, comme l'affirme ce comité mixte de l'OMS. Et l'Association internationale des édulcorants s'en est d'ailleurs très vite réjoui dans un communiqué. Toutefois, ce statu quo "surprend" l'épidémiologiste et nutritionniste Serge Hercberg, car avec un produit classé cancérogène potentiel : il s'attendait à ce que les doses recommandées soient réduites, au nom du principe de précaution. D'autant plus que l'année dernière, une étude de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) a pointé un lien statistique entre consommation d'édulcorant et augmentation du risque de cancer et cela à partir de doses beaucoup plus faibles que celles qui sont actuellement recommandées.

Quel intérêt nutrionnel ?

Plus récemment, le comité scientifique européen chargé de réévaluer le Nutriscore a, de son côté, décidé de dégrader la note des produits alimentaires contenant des édulcorants. Par ailleurs, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a elle-même mis en doute l'intérêt des produits light pour la santé.

Alors, pourquoi prendre des risques inutiles ? Les consommateurs peuvent s'interroger, car il se trouve qu'en dépit de leur pouvoir sucrant 200 fois plus élevé que le saccharose (qui permet de réduire l'apport en calories), les édulcorants entretiennent une attirance pour le goût sucré et ne permettent pas de contrôler la prise de poids à long terme. C'est l'organisation mondiale de la santé qui l'a aussi très officiellement indiqué dans un communiqué en mai dernier. Pour l'OMS, les édulcorants n'ont pas d'intérêt nutrionnel, sauf pour les personnes souffrant de diabète.

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