Le billet sciences. 38°C en Arctique, un record sur 140 ans de relevés de température
La ville de Verkhoïansk (Sibérie), connue pour son record de froid de -67 degrés l'hiver, a battu ce week-end son record de chaleur : +38 degrés. En 140 ans, c'est inédit. Comment les scientifiques font-ils pour connaitre la température qu’il faisait sur Terre dans le passé ?
Une vague de chaleur va gagner la France à partir du 23 juin mais elle touche déjà la Sibérie depuis quelques jours. Il a même fait 38 degrés près du cercle polaire ce week-end, dans la ville de Verkhoïansk en Sibérie orientale. Le précédent record était de 37,3 degrés mais au mois de juillet. Là, c'est presque 20 degrés au-dessus des températures moyennes du mois de mai. C'est un record depuis que les relevés de températures existent dans l’hémisphère nord. C’est-à-dire sur ces 140 dernières années puisque c’est en 1880 que les stations météorologiques installées en Europe et aux Etats-Unis ont coordonnées leurs relevés pour pouvoir calculer une température moyenne de la planète.
L'Arctique se réchauffe deux fois plus vite que le reste du globe
C'est la vitesse de réchauffement qui inquiètent les scientifiques du climat et les autorités russes. Il a déjà fait plus chaud sur Terre, par exemple la température moyenne du globe a déjà été six degrés au-dessus de ce qu'elle est aujourd’hui mais c’était il y a 56 millions d’années. C’était même un réchauffement assez rapide dans l’histoire de la Terre mais c’était sur une échelle de 10 000 ans.
En ce moment, nous parlons d’un réchauffement de plus de trois degrés sur 100 ans seulement vous comprenez pourquoi les scientifiques qui modélisent les évolutions du climat et qui travaillent sur les climats passés s’inquiètent de notre adaptation à l'actuel changement climatique.
Des carottes de glace et de sédiments comme archives
Pour remonter au delà de 140 ans, les scientifiques compulsent les archives historiques qui peuvent remonter jusqu'au Moyen Âge, mais surtout ils font des forages dans les glaces de l’Arctique et de l’Antarctique. Ils voient ainsi les différentes couches de neige tombées au fil des ans. En faisant une analyse isotopique des petites bulles d’air piégées dans les carottes de glace, ils en déduisent la composition et la température de l’air à l'époque. Grâce à des échantillons prélevés dans les glaces du Groënland, ils remontent jusqu'à 120 000 ans en arrière et avec ceux d'Antarctique jusqu'à 800 000 ans.
Mais ils coordonnent aussi ces données avec ce qu’ils trouvent dans les sédiments marins, avec là aussi les forages dans les planchers océaniques. Les sédiments sont composés notamment de la boue qu’apportent les fleuves dans la mer. Là aussi, les différentes couches de terre donnent des informations sur les climats passés : un sol sombre et argileux témoigne d’un climat froid alors qu’une terre claire avec de petits organismes fossilisés, relate une température plus chaude; plus propice à la vie. Grâce à ces carottes sédimentaires on parle d’informations pour plusieurs centaines de millions d’années.
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