Le billet vert. Chauffez votre maison grâce aux serveurs informatiques
Gérard Feldzer et Bertrand Piccard nous livrent quelques-unes des 1000 solutions économiquement viables et écologiquement responsables labellisées par la fondation Solar Impulse. Aujourd’hui, il est question des serveurs informatiques énergivores, dont on récupère la chaleur
Après le succès du premier tour du monde en avion solaire, Bertrand Piccard a créé la Fondation Solar Impulse, qui propose de sélectionner 1000 solutions rentables pour la protection de l’environnement, un programme reconnu par l’ONU.
Une consommation toujours en hausse
Plus de 5 milliards d’humains possèdent un smartphone, et autant utilisent internet, via leur téléphone, leur tablette ou leur ordinateur. En moyenne, au niveau mondial, le temps passé sur internet, en particulier sur les réseaux sociaux, est de 6 heures et demie par jour et par personne. Il faut savoir que l’énergie dépensée pour l’envoi d’un mail, d’une simple photo d’un Méga octet équivaut à une ampoule de 50 watt allumée pendant une demi-heure, soit 20 grammes de CO2. Et que dire des innombrables échanges sur les réseaux sociaux et du visionnage des films via internet ! Toutes ces données sont stockées dans des serveurs, très gourmands en énergie, et qu’il faut refroidir. "Le numérique représente 4% de la consommation énergétique mondiale. C’est donc à peu près 4% des émissions de Co2. C’est plus que l’aviation. Et là-dessus, 40% correspondent au refroidissement." Bertrand Piccard
Les datas centers, qui stockent toutes nos données, non seulement coûtent cher en électricité, mais ils sont aussi de gros émetteurs de gaz à effet de serre. La fondation Solar Impulse a labélisé QH-1, une solution qui permet d’alimenter des radiateurs en valorisant la chaleur dégagée par les serveurs, Le “radiateur-ordinateur” de QH-1, lorsqu’il effectue des opérations informatiques complexes, dégage de la chaleur. Cette chaleur est directement dissipée pour chauffer gratuitement et écologiquement des bâtiments aux alentours."Ce que je trouve intéressant, c’est que l’on récupère la chaleur des ordinateurs pour chauffer des bâtiments. Cela permet de donner de la chaleur à ceux qui en ont besoin, plutôt que de détruire cette chaleur ou de la laisser simplement partir dans l’atmosphère". Bertrand Picard
Un changement global nécessaire
Des solutions qui n’éviteront pas une nécessaire sobriété. En effet, les parties du monde qui n’ont pas encore accès à des réseaux informatiques à gros débit les revendiqueront bientôt, d’autant que des milliers de satellites sont en train d’être mis en orbite. Cette évolution augmentera encore la demande en serveurs, toujours plus obèses et énergivores. On estime ainsi que le numérique pourraient atteindre 25% de la consommation électrique mondiale d’ici 2035. "Jusqu’à maintenant, le monde marchait sur la tête. On produit des déchets qui sont perdus, on produit de la chaleur qui est perdue, on produit du froid qui est perdu et si on arrive à faire cette économie circulaire, on valorisera tout ce qui est normalement jeté". Bertrand Picard
Tout ceci résume nos 16 échanges de cet été, et rappelle la phrase de Rabelais "Science, sans conscience n’est que ruine de l’âme". Autrement dit, les solutions techniques ne peuvent qu’accompagner un changement vers une société plus respectueuse de l’environnement. Les 1000 solutions de la fondation Solar Impulse y contribuent. Il reste à en labelliser environ la moitié. Avis aux amateurs !
Pour en savoir plus sur le chauffage QH-1 c’est ici :
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.