Le billet vert. Comment dépolluer un site Seveso : l'exemple de Metaleurop
Quinze jours après la catastrophe de Lubrizol, franceinfo éclaire la question des sites Seveso. A Noyelles-Godault (Nord), l'usine Metaleurop a fermé en 2003. Sa dépollution illustre la complexité de la reconversion des sites Seveso.
Excaver la terre, pomper ou chauffer les polluants, mais aussi chercher l'aide de bactéries ou de plantes pour dépolluer les sols contaminer par des métaux lourds : même quand un site Seveso ferme, il reste des traces.
L'histoire de la fonderie Metaleurop Nord à Noyelles-Godault (Pas-de-Calais) est digne de Germinal. Mais seize ans après sa fermeture, en 2003, l’ancien site Seveso est toujours considéré comme l’un des endroits les plus pollués de France. Il faut dire qu’au moment de son implantation en 1894, les rejets dans l’environnement n’étaient pas vraiment une préoccupation. Il a donc émis dans l’air des milliers de tonnes de plomb, de dioxyde de souffre et d'autres polluants comme du cadmiumn qui sont encore présents dans les sols aujourd’hui.
Un site "orphelin"
En 2003, quand le site est liquidé, son actionnaire a envoyé un simple fax pour se débarrasser de sa filiale et de ses 830 salariés. Et il n’a pas fait beaucoup d’efforts pour financer une dépollution coûteuse. Metaleurop est donc devenu un site "orphelin", c'est à dire à la charge de l’Etat. Comme la contamination s'étend sur cinq communes et touche 24 000 habitants, il a fallu nettoyer les cours d’école, faire un suivi sanitaire des populations. Les activités agricoles pour l’alimentation y sont interdites. C’est l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe) qui est aujourd’hui chargée de le mettre en sécurité et de tenter de le dépolluer.
La "phyto rémédiation"
Pour dépolluer des sols contaminés, il y a plusieurs options. On peut excaver la terre mais cela coûte cher, surtout sur 600 hectares. Et puis il faut trouver une décharge pour la terre contaminée, ce qui reporte le problème ailleurs et n’est pas totalement satisfaisant; D’autres techniques consistent à chauffer le sol et à aspirer les polluants par des puits. Mais la nature nous offre aussi des solutions comme celle des bactéries qui vont "manger" les hydrocarbures. Et puis il y a aussi la dépollution par les plantes, ce qu'on appelle le phytomanagement. Ce procédé permet de stabiliser les polluants dans le sol et éviter qu'ils ne finissent dans les nappes phréatiques ou les cours d'eau.
Une de ces plantes donne de l’espoir au site de Metaleurop : le myscanthus. C'est un roseau de trois mètres de haut avec des racines souterraines qui pompent les polluants du sol et les digèrent, en quelque sorte. Cela peut donc ensuite servir de bois de chauffage, d’agro-carburant ou encore de matériau de construction. Mais l’une des plantes les plus efficace pour enlever les métaux lourds et même les éléments radioactifs, c’est le chanvre ou le cannabis sativa. Il est testé sur les terres contaminées autour de Tchernobyl mais pas question de le consommer ensuite, il devient un déchet radioactif à qui il faut aussi trouver une destination finale.
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