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Le billet vert. Comment la France sous-traite ses émissions de gaz à effet de serre

On a beaucoup parlé ces derniers mois des méfaits de la déforestation en Amazonie. Même le pape y est revenu dimanche. Il se trouve que la France participe indirectement à cette déforestation avec ses importations. 

Article rédigé par franceinfo, Etienne Monin
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Déforestation en Amazonie sur la commune Colniza (Brésil), le 29 août 2019. (MAYKE TOSCANO / MATO GROSSO STATE COMMUNICATION )

La France n'est pas étrangère à la déforestation mondiale, et collabore à l'émission de gaz à effet de serre. Pour évaluer les rejets de CO2 dans l’atmosphère, il existe deux types d’indicateurs. On compte ce qui est produit en France et ce qui vient des matières ou des objets de nos importations. C’est une empreinte carbone. Elle est mesurée en kilo par habitant. Ses derniers jours il y a eu deux piqûres de rappel pour nous alerter sur la part croissante des importations. L’une vient d’un rapport du ministère de la transition écologique appelé : "évaluation de l’état de l’environnement", l’autre des débats de la Convention citoyenne à Paris. Ce qui en ressort, c’est que l’empreinte carbone en France diminue sur le plan intérieur mais augmente dans le domaine des importations. Ce qui veut dire qu’aujourd’hui la part des téléphones, du textile, de l’agriculture qu’on importe rejette plus de gaz à effet de serre.
La France sous-traite donc une partie de ses rejets. Ils ne sont pas pris en compte dans la stratégie nationale de réduction des gaz à effet de serre. C’est ce qu’on appelle la stratégie bas-carbone. C’est une feuille de route qui ne comprend que les émissions intérieures.

Des importations variées

C’est assez massif. Elles ont été évaluées il y a un an par le WWF. Le rapport s’appelle : "déforestation importée, arrêtons de scier la branche". Ce qu’il dit, c’est que la part de la forêt qui disparaît à cause de ces importations représente un quart de la surface de la France. Dans ces produits à risque, nous importons majoritairement de la pâte à papier, du bois, de l’huile de palme et presque cinq millions de tonnes de soja. La déforestation est essentiellement causé par l’élevage et l’agriculture.

Des régulations contraignantes

Il y a un an, la France a lancé une stratégie contre la déforestation importée. C’est un plan général pour stopper le phénomène d’ici dix ans. Greenpeace considère que faute de régulations contraignantes, c’est un écran de fumée.
Toujours en 2018, les députés ont sorti l’huile de palme du régime des bio- carburants. Ils ont fait tomber l’abattement fiscal qui s’y rattachait.

Selon l’Organisation des nations unies, pour l’alimentation et l’agriculture, la forêt a perdu l’équivalent de deux fois la superficie de la France entre 1990 et 2015. Un tiers de ses pertes était pour des produits à l’exportation. La déforestation pèse pour 11% des rejets de gaz à effet de serre. L’Amazonie, l’Asie du sud-est et le bassin du Congo sont les secteurs en danger.

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