Le billet vert. De la mer aux sommets des Pyrénées : l'Expédition 7e Continent traque les plastiques
De petits fragments de plastique, dont certains sont invisibles à l'oeil nu, sont transportés par le vent, la neige et la pluie. A l'état de particules, ils seraient entrés dans le cycle de l'eau.
Pourquoi trouve-t-on du plastique dans la neige des Pyrénées? Expédition 7e Continent rentre tout juste d'un mois en mer Méditerranée. Les chercheurs vont nous donner aujourd’hui une partie de la réponse. Expédition 7e Continent, emmenée par le navigateur Patrick Deixonne, va chercher le plastique là où l'on ne le voit plus, au milieu des océans depuis bientôt dix ans. Le principe est le même : quatre marins et quatre scientifiques à bord d'un voilier de 28 mètres aménagé en laboratoire font des prélèvements pour alimenter la recherche.
Cette fois, l’expédition rentre tout juste d’un mois en Méditerranée entre Sète, son port d’attache, les Baléares et l’Espagne, à la recherche des nano-plastiques, ceux qui sont mille fois plus petit qu’un cheveu : impossible de les voir à l'œil nu mais ils sont toujours bien là.
En avril dernier, des chercheurs de l’université de Toulouse avaient montré la présence de plastique dans les pluies des Pyrénées-Orientales et même au sommet des massifs. Ils cherchent à savoir d’où viennent les plus gros d’entre eux, ceux qui semblent plutôt provenir des déchets des villes alentours poussés par le vent. En revanche, les plus petits, ceux qu’on ne voit qu’au microscope, peuvent avoir fait le voyage de la mer au nuage. En fait, les scientifiques pensent qu'ils entrent dans le cycle de l'eau parce que ces plastiques sont à l’état de particules. Ils s’évaporent avec l’eau de mer, participent à la formation des nuages et nous retombent dessus quand il pleut ou quand il neige.
Des prélèvements par 150 m de fond
Il va falloir attendre leurs analyses définitives et les publications scientifiques des chercheurs. Pour l’instant, leurs échantillons sont dans les réfrigérateurs du CNRS de Toulouse, sous bonne garde. Alexandra Ter Halle, chimiste à l’université Paul-Sabatier. Elle a fait pendant un mois des prélèvements avec l'Expédition 7e continent. Des prélèvements sous-marins jusqu’à 150 mètres de fond à l’aide de grosses bouteilles pour emprisonner des litres d’eau qui sont ensuite filtrés à bord du bateau. Elle a aussi capté avec de gros aspirateurs de l’air, pour attraper des nuages en formation. Son obsession, aujourd’hui, est évidemment le plastique et ces chiffres faramineux : 100 000 tonnes de plastiques flottent à la surface des océans, selon les calculs de certains physiciens. C’est à peine 1% des 10 millions de tonnes qui partent chaque année dans l’environnement. Alexandra Ter Halle cherche à savoir : où est passé tout le reste ?
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