Les mutations du virus de la grippe aviaire inquiètent les experts

Les scientifiques redoutent que la circulation du virus parmi des espèces de plus en plus nombreuses facilite, à terme, une mutation permettant la transmission d’humain à humain.
Article rédigé par Anne Le Gall
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Vaccination contre la grippe aviaire dans un élevage de canards, le 18 octobre 2023. (ST?PHANIE PARA / MAXPPP)

La grippe aviaire nous menace-t-elle d’une nouvelle pandémie ? L'OMS et de nombreux experts surveillent de près, mi-décembre, la propagation et les mutations de ce virus, car il circule bien au-delà des oiseaux. L’Organisation mondiale pour la santé animale dresse un constat préoccupant : plus de 30 espèces de mammifères ont été infectées par le virus H5N1 ces derniers mois (phoques, loutres, visons, ours, renards, chiens, chats, cochons, etc).

La détection de la grippe aviaire chez des vaches laitières aux États-Unis, depuis mars 2024 a, de plus, renforcé la vigilance. Ce phénomène est d’autant plus alarmant que 58 cas humains de grippe aviaire ont été signalés outre-Atlantique depuis le début de l’année 2024. Il est cependant important de noter qu’il ne s’agit pas de contaminations interhumaines. Presque toutes ces personnes avaient été en contact avec des animaux d’élevage malades. Malgré tout, les experts craignent que la circulation du virus parmi des espèces de plus en plus nombreuses facilite une mutation qui pourrait, à terme, permettre la transmission d’humain à humain.

L’impact du virus sur la santé humaine 

Pour l’instant, les symptômes chez l’homme sont similaires à ceux d’un rhume ou d’une grippe classique. Les autorités sanitaires américaines considèrent que le risque de maladie reste faible pour la santé de la population générale. Cependant, des recherches publiées dans la revue Science montrent que cette grippe aviaire, infectant notamment les vaches, n’est plus qu’à une seule mutation génétique de pouvoir infecter plus facilement les cellules humaines. Si l’on y ajoute la capacité d’attaquer plus fortement les voies respiratoires, de survivre et se diffuser par des gouttelettes dans l’air, alors, selon le professeur Antoine Flahault, épidémiologiste à l’Institut de santé globale de l’université de Genève, “il ne manquerait plus que trois mutations génétiques” pour que le virus devienne hautement transmissible entre humains.

Cette évolution n'a rien de certaine, nous disposons de plus d’un vaccin contre la grippe aviaire, mais “Il ne faudrait pas dérouler le tapis rouge pour que le virus puisse s’humaniser et déclencher une pandémie”, estime Antoine Flahault.

Puisqu’il est impossible de contrôler la circulation du virus parmi la faune sauvage, les experts recommandent de concentrer les efforts sur les élevages. Ce qui signifie vacciner les volailles, la vaccination est déjà obligatoire en France dans les élevages de plus de 250 canards, désinfecter le matériel de traite, cela limite la propagation du virus entre vaches laitières, notamment aux États-Unis et
surveiller les élevages de porcs, cet animal est un réservoir important pour la recombinaison des virus de la grippe humaine. Une version contagieuse du virus aviaire  entre humains pourrait potentiellement émerger à partir des porcs. En somme, une vigilance accrue et des mesures adaptées dans les élevages pourraient limiter le risque d’évolution et de propagation du virus H5N1.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.