Plongée dans les secrets de l'océan Austral
La France lance aujourd'hui à l'occasion de la journée mondiale des océans, un programme de recherche de 40 millions d'euros pour comprendre les liens entre océan et climat. La compréhension de l'océan Austral est essentielle dans ce programme.
L'équipe du géochimiste et écologue du CNRS, Laurent Chauvaud, a rapporté des images et des sons incroyables de leur plongée sous la banquise antarctique. Les sons de la banquise qui se brise et qui craque contre les vagues font penser à un glacier de montagnes et aux craquements de ses séracs.
Sous la surface, on observe un univers au départ très minéral ou l’on rencontre des manchots et des mammifères marins, comme des phoques, au détour des colonnes de glace. Mais cet univers est aussi très contrasté lorsque l'on descend ensuite plus bas. A 70 mètres de fond et où l’on découvre des algues et des crustacés aux couleurs flamboyantes. Des rouges et des jaunes surprenants tant la lumière est absente à cette profondeur.
Des conditions extrêmes pour les expéditions scientifiques
Pour récupérer ces images et ces sons, il a fallu travailler dans des conditions très difficiles. Imaginez des creux de 18 mètres et des icebergs tranchants comme des rasoirs pour les coques des navires. Cette année, l’expédition Swings a emmené sur le bateau français des TAAF, le Marion Dufresne, une cinquantaine de scientifiques pendant trois mois, de janvier à mars durant la saison d'été dans l’océan Austral où l'on peut compter sur un temps plus clément.
Ils sont revenus avec beaucoup d’échantillons à analyser et quelques frayeurs. Mais l'explorateur Jean-Louis Etienne veut lancer pour 2023 son Polar Pod, sorte de culbuto des mers, pour pouvoir rester dans cet océan pendant l’hiver austral et ses tempêtes. L'hiver austral va d’ailleurs bientôt commencer.
Un océan encore plein de mystères
Il est important d’en savoir plus sur cet océan, d’abord parce qu’il est immense : plus de 20 millions de km2, soit un quart de la surface océanique mondiale. Il fait le tour du globe, absorbe un tiers du carbone atmosphérique, la moitié de la chaleur et surtout il distribue les nutriments dans les autres océans. Un peu comme un tapis roulant qui fait circuler la fraicheur et les matières biologiques chez ses voisins Pacifique, Atlantique et Indien.
Si ses eaux de surface restent froides, elles deviennent de plus en plus douces avec la fonte de la banquise, cela peut changer cette circulation thermohaline dont il est un facteur clé. En revanche, une étude franco-australienne a montré que certaines plus en profondeur s’étaient réchauffées ces 25 dernières années. Il est essentiel de comprendre ce qui se passe pour un de nos gigantesques puits de carbone, tant notre avenir climatique et le sien sont très liés.
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