Préhistoire : des archéologues cuisinent comme Neandertal en utilisant des silex et des braises

Trois archéologues portugaises ont mis la main à la pâte pour mieux comprendre comment les hommes de Neandertal préparaient leur nourriture. Elles ont cuisiné des oiseaux comme au temps de la préhistoire, et racontent leur expérience dans la revue scientifique suisse "Frontiers".
Article rédigé par Solenne Le Hen
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Reproduction d'hommes de Neandertal dans la groot de la Licorne à Scharzfeld en Allemagne, photo d'illustration. (PICTURE ALLIANCE / PICTURE ALLIANCE)

Si les chercheurs ont perdu la trace de Neandertal il y a 30 000 ans, on sait qu’il chassait du gros gibier, mais aussi de petites proies, pour lesquelles les scientifiques disposaient de peu d’informations. Alors nos trois archéologues, trois "zooarchéologues" ont récupéré cinq corneilles, pigeons ramiers et autres tourterelles morts dans des conditions naturelles. Elles racontent leur expérience dans la revue scientifique suisse Frontiers, mercredi 24 juillet. Ces chercheuses ont suivi les techniques que l’on connaît. Elles les ont d’abord plumés, puis elles en ont découpé deux crus grâce à des silex, et ont fait rôtir les trois autres directement sur des braises avant de les découper. 

Ces trois archéologues ont ensuite validé leur technique en comparant leurs os et ceux retrouvés sur des sites archéologiques, de très vieux os de volatiles certainement cuisinés par des hommes de Neandertal. 

Neandertal mangeait plus d’oiseaux rôtis qu’on ne le pensait

Les archéologues se sont rendu compte que les os des trois oiseaux rôtis, brûlés, étaient devenus très fragiles. Pour elles, c’est sûrement la raison pour laquelle peu de spécimens ont été retrouvés. Elles pensent donc que Neandertal mangeait plus d’oiseaux rôtis qu’on ne le pensait jusqu’ici, en complément du gros gibier. 

Nos "apprentis Neandertal" ont réalisé aussi que découper de la viande avec un silex est une galère.  "Cela exige une précision et un effort considérable dont nous n’avions pas pleinement pris la mesure avant cette expérience", avoue le Dr Mariana Nabais. En conclusion, savoir chasser de petits oiseaux puis les cuisiner demandait des aptitudes, une forme d’intelligence et de la dextérité.

L’homme de Neandertal n’était donc pas aussi bête et rustre que ce qu’ont cru les archéologues par le passé. En effet, Neandertal a longtemps été présenté comme une sous-espèce, comparé à Homo sapiens, l’homme moderne. Cette expérience culinaire des trois archéologues portugaises participe ainsi à une opération de réhabilitation entreprise par les nouvelles générations d’archéologues depuis plusieurs dizaines d’années maintenant. 

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