Réchauffement climatique : la fonte des glaces risque d'affecter la mesure du temps

La mise à jour des horloges atomiques, nécessaire pour synchroniser tout le réseau informatique mondial, est toujours un moment très sensible. Celle-ci est affectée par le ralentissement de la rotation de la Terre, dû à la fonte des glaces.
Article rédigé par Guillaume Farriol
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Le glacier Apusiajk au Groenland (photo d'illustration, le 6 juillet 2020) (PHILIPPE ROY / PHILIPPE ROY)

Quel rapport entre le réchauffement climatique et la manière dont nous mesurons le temps qui passe ? Les deux sujets semblent très éloignés, mais ils sont liés selon une étude publiée dans la revue Nature, mercredi 27 mars. 


Pour comprendre, rappelons que pendant des siècles, pour mesurer le temps, l'être humain s'est basé sur la rotation de la Terre. Une rotation complète correspond à une journée de 24 heures, chaque heure contient 60 minutes, et chaque minute 60 secondes. La seconde était ainsi définie jusqu'en 1967. Mais il existe depuis cette date un autre système pour mesurer le temps, basé sur l'heure donnée par les horloges atomiques. Les pulsations d'un atome radioactif de Césium définissent la seconde. Une mesure immuable extrêmement précise alors que la rotation de la Terre, elle, accélère, ce qui crée un décalage entre ces deux horaires. Pour les garder identiques, on ajoute parfois une petite seconde au temps atomique, et on devrait bientôt en retirer une pour la toute première fois. Ce léger ajustement permet de garder une cohérence, l'heure atomique reste donc bien alignée sur l'heure issue de la rotation de la Terre. C'est un peu comme les années bissextiles quand nous ajoutons un jour pour rester en phase avec l'année solaire.

Un équilibre perturbé par le réchauffement climatique


C'est à ce moment que la fonte de l'Antarctique et du Groenland entre en jeu. Elle déséquilibre notre planète. L'eau fondue passe des pôles à l'équateur et ralentit l'accélération de la rotation de la Terre. On pourrait comparer ce phénomène à un patineur qui tourne moins vite en écartant les bras pendant une pirouette. Ce ralentissement vient chambouler les prévisions des gardiens du temps atomique qui envisageaient jusqu'ici de retirer une seconde en 2026 pour s'aligner à la rotation terrestre. Mais avec cette fonte des glaces, il faudra peut-être le faire finalement en 2029 selon l'étude publiée dans Nature.

Cette petite seconde change beaucoup de chose. La mise à jour des horloges atomiques est toujours un moment très sensible, d'autant plus que ce sera la première fois que l'on retire une seconde au lieu d'en ajouter une. Il faut synchroniser tout le réseau informatique mondial avec des risques de pannes dans les télécommunications, la distribution d'énergie, les systèmes de géolocalisation ou la finance, tous basés sur le temps atomique. En Europe par exemple, le chronométrage des opérations boursières doit être précis au millième de seconde près. Mieux vaut ne pas se rater.

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