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Antarctique : des icebergs à la dérive surveillés par satellite
L'iceberg A68 s'est détaché de la banquise antarctique, il y a trois ans. Il approche de l'île de Géorgie du Sud faisant courir une lourde menace pour l'écosystème. Les scientifiques suivent sa progression par satellite. Une surveillance qui intéresse aussi les skippers du Vendée Globe.
Au sud de l’océan Atlantique, les chercheurs britanniques sont sur les dents. Ils voient s’approcher de la petite île de Géorgie du Sud, un iceberg géant. Un peu comme si un glaçon de la taille des Alpes-Maritimes allait percuter la Haute-Corse.
Cet iceberg appelé A68 s'est détaché il y a trois ans de la banquise antarctique dans la mer de Weddell. D'une surface de 4 200 km2, A68 remonte vers le nord et le voilà aujourd’hui à 200 km à peine de l’île de Géorgie du Sud, un territoire d’outre-mer britannique en face de l’Argentine, à 1 500 km à l'est des Malouines. Un territoire un peu plus petit que l'iceberg, parce que vu des flots, ce dernier ne fait peut-être que 20 mètres de haut mais sa partie immergée en fait près de 200. Les responsables du British Antarctic Survey s’attendent à ce qu’il percute d’abord le fond marin d’ici quelques semaines, en ratissant tout sur son passage.
Il n’y a qu’une trentaine de personnes qui vivent sur place, des pêcheurs et des scientifiques. Les principaux habitants sont les manchots royaux, les éléphants de mer, des dizaines d’espèces uniques dans ce territoire. Certaines sont en pleine période de reproduction, alors que débute l'été austral. Elles vont devoir faire de gros détours pour aller chercher à manger pour leurs petits si cet iceberg se cale juste en face de l'île. Les chercheurs du British Antarctic Survey estiment que cela pourrait perturber l’écosystème pour au moins dix ans. Mais ensuite, l'iceberg va fondre et libérer les nutriments piégés dans sa glace. Il alimentera le phytoplancton, base de la chaîne alimentaire marine. Poissons, cétacés, oiseaux retrouveront alors de quoi manger et la région redeviendra un lieu de reproduction très favorable aux espèces.
Si les scientifiques britanniques peuvent suivre sa progression, c'est grâce aux satellites Sentinel du réseau Copernicus de l’Agence spatiale européenne. Il n’y a pas d’observation en temps réel des icebergs, comme dans l’hémisphère Nord. Au Sud, il y a beaucoup moins de bateaux de commerce, il faut donc positionner les satellites régulièrement et programmer des clichés. Une surveillance spéciale dont vont bénéficier les skippers du Vendée Globe qui commencent à longer la zone australe.
Quand les icebergs arrivent dans les eaux plus chaudes, ils se disloquent en plusieurs glaçons que l'on appelle "growler", mais qui restent une menace pour les navigateurs. En 2004, Sébastien Josse avait percuté un "growler" mais il avait pu poursuivre la course. Depuis la surveillance satellite s'est renforcée même si les navigateurs ne doivent pas s'approcher trop près du mur de glaces, la limite de fonte des icebergs.
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