Économie : le nombre de crédits accordé aux entreprises chute à son plus bas niveau en Europe
Rien d’étonnant, c’est comme pour un foyer traditionnel qui veut investir dans l’immobilier. Il scrute les taux d’intérêt. Si les taux sont hauts, il attend, il ira demander un crédit à son banquier quand il verra les taux redescendre. Pour une entreprise, c’est exactement le même raisonnement : tant que les taux sont élevés, les patrons attendent des jours meilleurs pour emprunter et investir.
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L’enquête de la Banque centrale européenne (BCE) montre que cette demande de crédit par les entreprises est au plus bas depuis que ce recensement existe en 2003, autrement dit depuis 20 ans. Toutes les entreprises sont touchées, mais le coup de frein le plus fort est donné par les Petites et moyennes entreprises (PME).
Risque pour l’investissement
Cette tendance au fort resserrement du crédit est la preuve flagrante de l’impact des politiques monétaires sur l’économie réelle. Moins de crédit, c’est automatiquement moins d’investissements, une moindre montée en puissance de l’outil productif et donc moins d’emplois créés en bout de chaîne. Et puis, autre problème de taille, ce resserrement du crédit intervient au moment où les entreprises doivent investir pour décarboner l’économie et assurer les lourds investissements nécessaires à la transition écologique. Nous avons, ici, sous les yeux, l’indicateur montrant clairement que l’économie européenne souffre de la politique menée par les Banques centrales.
Étroites marges de manœuvre
Marquer une pause dans la hausse des taux d’intérêt serait logique, vous avez raison. Facile à dire, difficile à faire. Entre juillet de l’an dernier et aujourd’hui, la BCE a relevé ses taux pour les faire passer de -0,5% à +3,5%. Pourquoi ? Pour freiner l’inflation. Les banques centrales – que ce soit la BCE en Europe ou la Réserve fédérale aux États-Unis –, ont dû relever leurs taux pour éviter une flambée incontrôlée des prix, résultant notamment de la guerre en Ukraine et la hausse des coûts de l’énergie. Rappelons que l’objectif des Banques centrales est de maintenir une inflation autour de 2%. Or, nous sommes aujourd’hui encore à des niveaux compris entre 4% et 6%. C’est beaucoup trop. C’est comme pour le diabète : l’index glycémique du patient reste trop élevé. Il faut donc continuer le traitement.
Cruel dilemme
Les banquiers centraux sont pris entre deux feux : maintenir les taux d’intérêt élevés pour faire baisser l’inflation, au risque de freiner le crédit des entreprises et l’investissement. C’est ce à quoi nous assistons en ce moment. Prochaines échéances : mercredi 26 juillet la Réserve fédérale américaine, et jeudi 27 juillet la BCE, doivent justement décider de toucher ou non à leurs taux d’intérêt pour les prochaines semaines et prochains mois.
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