Entreprises : Bercy va-t-il sauver Atos, le géant français de la cybersécurité, d'un repreneur étranger ?

Peu connu du grand public, Atos est un groupe de services informatiques important dans le paysage industriel français. En grandes difficultés financières, il pourrait être racheté par l'entreprenant milliardaire Daniel Kretinsky, à moins que le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, ne s'implique.
Article rédigé par Emmanuel Cugny
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3 min
Bruno le Maire, le 1er février 2024. (YOAN VALAT / MAXPPP)

Le groupe Atos, ex-champion français des services informatiques, est numéro deux derrière Capgemini. Cette entreprise représentant environ 10 000 employés en France et plus de 100 000 dans le monde, se trouve en grandes difficultés financières depuis plusieurs années. Le coup de grâce est peut-être en train d’être porté actuellement à la Bourse de Paris.

Lundi 5 février, l’action Atos a perdu le quart de sa valeur, une chute de 25% l'a fait descendre à 2,95 euros en cours de séance. Depuis le début de l’année, le titre est en repli de 60%. Si la situation est difficilement tenable à la Bourse, elle l’est encore plus pour l’avenir de l’entreprise en tant que telle, entre chute de trésorerie et projet peu convaincant de scission de l'entreprise en deux blocs : gestion informatique pour compte de tiers d'un côté (infogérance), activités de cybersécurité de l'autre.

Les actionnaires dubitatifs laissent la place aux repreneurs

La situation est telle qu’Atos doit renoncer à son projet d’augmentation de capital de 720 millions d’euros, qui devait lui apporter une bouffée d’oxygène. Aucun investisseur ne veut suivre. Confrontée à un mur de dettes, la société doit rembourser entre trois et quatre milliards d’euros d’emprunts et d’obligations avant fin 2025, auprès de 22 banques créancières.

Atos a demandé la nomination d’un mandataire, un négociateur, pour l’assister dans ses discussions. D’autant qu’un homme rode autour de la proie, le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky, qui multiplie ses prises de participations en France, dans la presse, l'édition ou la distribution. Celui-ci a déjà sauvé Casino face à ses dettes et est devenu le premier actionnaire de Fnac-Darty.  Après avoir provoqué des remous dans l'équipe du quotidien Le Monde, il a revendu plusieurs de ses parts à Xavier Niel. Mais il garde tout de même un poids important dans le paysage médiatique, en restant actionnaire chez Elle, Marianne ou Libération. C'est encore à lui que Vivendi a revendu Editis. numéro deux de l'édition en France, qui compte plus de 40 marques d'éditions différentes, dont les éditions Robert Laffont, Bordas ou Plon.

Bercy à la rescousse

Un nom réapparaît, celui de Thierry Breton, ancien patron d’Atos, aujourd’hui commissaire européen au marché intérieur. Les mauvaises langues disent que Thierry Breton est parti, en 2019, à Bruxelles au bon moment. Ainsi il n'aura pas été inquiété pour ses décisions de stratégie industrielle, qui ont conduit le groupe à se démanteler. Atos sera-t-il le nouvel Alstom sacrifié sur l’autel d’une politique sans vision stratégique des intérêts français ?

Reste à connaître la réaction du ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, qui, dans le quotidien économique Les Echos, affirme qu'il ne laissera pas tomber le groupe. L’État français doit-il renationaliser, au moins partiellement, Atos ? Ce dossier explosif pourrait bien avoir des conséquences sur l’emploi… et sur les Jeux olympiques. Atos a été sélectionné pour gérer le centre de commandes des opérations technologiques des 63 sites olympiques et paralympiques de Paris 2024.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.