Face à la chute du rouble, la Banque centrale russe se réunit en urgence
C’est un cap psychologique qui vient d’être atteint, celui des 100 roubles pour un dollar. Un décrochage spectaculaire de la devise russe qui en janvier dernier s’échangeait encore sur la base de 70 roubles pour un dollar. Depuis le début de l’année, le rouble perd donc 30% de sa valeur face au billet vert, et même 67% sur un an. Une glissade que la Banque centrale russe elle-même ne parvient pas à enrayer. Après avoir relevé ses taux à 8,5% fin juillet, elle a dû suspendre la semaine dernière ses achats de devises étrangères – dollar, euro et yuan chinois – pour tenter de limiter la casse. Face à l’urgence de la situation, la Banque de Russie se réunit aujourd’hui pour décider du niveau de ses taux directeurs. En attendant, le Kremlin s’impatiente et réclame un rouble fort, il rend sa banque centrale responsable de la situation actuelle.
Le poids des sanctions internationales
Ce plongeon du rouble qui s’accélère s'explique par plusieurs facteurs qui se conjuguent et forment un cocktail explosif : la dégradation de la balance commerciale russe accentuée par la baisse de ses revenus pétroliers et gaziers, la fuite des capitaux liée à l’instabilité politique, et le poids financier de la guerre en Ukraine. Sous l’effet des sanctions internationales qui pleuvent depuis un peu plus d’un an, la Russie a vu ses ventes d’hydrocarbures – qui sont sa principale source de rentrée budgétaire – nettement reculer. Elles ont encore chuté de 41% entre janvier et juillet dernier, selon les chiffres du ministère russe des Finances.
L’autre facteur aggravant c’est la fuite des capitaux, qui s’est accentuée avec le coup d’État avorté de Wagner en juin dernier. En quelques jours, les Russes se sont précipités pour retirer leur épargne, l’équivalent d’un milliard de roubles, soit près d’un milliard de dollars, selon la Banque centrale. De l'argent, qui malgré les contrôles, a pu en partie quitter le pays, s’ajoutant aux 150 milliards de dollars de fuites de capitaux enregistrés en 2022 selon l’agence Bloomberg, de quoi alimenter un peu plus la défiance envers la Russie. On a beau lire ça et là que l’économie russe résiste plutôt bien aux sanctions avec un PIB qui rebondit de 4,9% au deuxième trimestre, la contraction a été telle depuis un an que la Russie n’a toujours pas retrouvé son niveau de production d’avant la guerre en Ukraine.
La vie devient chère en Russie
Le plus problématique pour les Russes, c’est l’inflation qui les frappe au portefeuille, notamment les retraités aux petites pensions. Avec la chute du rouble, les prix des produits importés flambent et faire ses courses vire au casse-tête. Un moscovite, interrogé par l’Agence France Presse (AFP), confie qu’un repas pour sa famille qui lui coûtait 1 000 roubles – un peu moins de 10 euros – il n’y a pas si longtemps, lui coûte aujourd’hui plus du double. Alors qu’elle était revenue en juillet dernier à 4,3% sur un an, l’inflation pourrait repartir à la hausse, à mesure que le rouble continue de chuter.
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