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Le brief éco. Avec le Brexit, Londres a peur de perdre Airbus

Airbus met de nouveau Londres en garde face au Brexit. L'avionneur européen réaffirme que la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne l'obligera à reconsidérer son activité sur le sol britannique. Cette fois le gouvernement deTheresa May prend les choses très au sérieux  

Article rédigé par franceinfo, Emmanuel Cugny
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Un Airbus A350 XWB effectuant une démonstration de vol au salon aéronautique de Farnborough, au sud-ouest de Londres. (ADRIAN DENNIS / AFP)

Airbus avait déjà lancé un message d’alerte il y a deux ans, juste avant le référendum sur l'appartenance du Royaume-Uni à l'Union européenne, par la voix du patron de l’entité locale. Paul Kahn avait clairement laissé planer la menace sur les futurs investissements du géant aéronautique en Grande-Bretagne si le Brexit l’emportait. Ce qui s’est produit. Cette fois, c’est le directeur d’exploitation de la branche aviation civile d’Airbus, Tom Williams, qui monte au créneau. Et le message semble élargi aux responsables européens : Tom Williams déclare que le groupe quittera le Royaume-Uni en cas de sortie de l’UE sans accord sur le volet commercial. C’est un casse-tête qui s’annonce avec la remise en cause des formalités et la très probable instauration de taxes douanières frappant les productions sortant du Royaume.

25 sites en Grande-Bretagne

Le groupe emploie 15 000 personnes sur plus de 25 sites, sans parler des sous-traitants qui tournent autour de trois sites industriels (environ 100 000 collaborateurs au total). 4 000 fournisseurs en vivent et Airbus contribue à hauteur de 8 milliards de livres sterling (9 milliards d’euros) à l’activité économique britannique. Il y a les activités satellites et de défense, avec certains missiles (via la filiale MBDA) mais surtout, Airbus fabrique en Grande-Bretagne la quasi-totalité des ailes de ses avions civils et militaires assemblés dans le monde entier.

Alors qu’Airbus est en train de concevoir son monocouloir (successeur de l’A320), il y a fort à parier que la décision est déjà certainement prise d’en fabriquer les ailes ailleurs qu’au Royaume-Uni. Nous avons là un exemple concret de l’impact politique sur des décisions de stratégie industrielle.

Un coup dur pour Theresa May

Cette annonce du responsable d’Airbus est un coup dur pour la Première ministre conservatrice Theresa May dont les négociations avec Bruxelles patinent. Et nous ne sommes plus qu’à neuf mois du Brexit effectif !

C'est également un coup dur en interne, au sein de son parti : Theresa May est obligée en permanence de faire le grand écart entre les europhobes de son parti (qui veulent rompre avec l’UE) et les partisans du maintien des liens.

Au Pays de Galles, où Airbus génère près de 12 000 emplois directs et indirects, le gouvernement régional travailliste a qualifié l’annonce du groupe aéronautique d’"extrêmement inquiétante".

Plus largement, en fond de décor il y a l’Europe de la défense. Une coopération militaire déjà très compliquée qui ne risque pas de s’améliorer rapidement, qui plus est en pleines tensions géopolitiques et de sécurité sur la scène internationale.

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