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Le brief éco. Décret Trump : quand la politique s’invite sur les marchés monétaires

À peine signé, le décret anti-immigration de Donald Trump sème le trouble sur les marchés financiers et monétaires, aux États-Unis mais également en Europe.

Article rédigé par franceinfo, Emmanuel Cugny
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Donald Trump en train de signer des décrets dans le Bureau ovale, à la Maison Blanche.   (NICHOLAS KAMM / AFP)

Aux États-Unis, les opérateurs qui, il y a quelques jours à peine, saluaient l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche en faisant exploser Wall Street, ont accueilli très fraîchement le décret interdisant l’accès du pays aux ressortissants de sept pays musulmans. Ce décret gêne le business, car il remet en question la politique d’embauche des grands groupes, notamment le recrutement d’ingénieurs en provenance de certains pays émergents. Cela sème le doute et les tensions se ressentent de plus en plus sur les taux d’intérêt. Ces derniers remontent aux États-Unis et, par ricochet, en Europe où la situation est tout aussi complexe.

Échéances électorales

Les échéances électorales représentent un aléa supplémentaire. Les yeux des investisseurs sont tournés particulièrement vers la France, avec la présidentielle du mois d'avril. Les marchés sont nerveux au point que, dans la foulée de l’effet Trump aux États-Unis, les opérateurs prennent de plus en plus au sérieux l’hypothèse d’une présence de Marine Le Pen au second tour.

L'engrenage

Dès le 10 novembre, au lendemain de la publication des résultats de l’élection américaine, la prime de risque de l’État français a subitement bondi. Qu’est-ce que cette prime de risque ? C’est ce que l’on appelle dans le jargon financier les "spreads" : les écarts de taux auxquels les marchés prêtent l’argent aux États pour rembourser leurs dettes. Ce spread ne cesse de se creuser entre la France et l’Allemagne : plus l’écart est élevé, plus la confiance s’érode et plus la prime de risque devient forte. C’est ce qu’il se passe avec la France.

Un exemple concret, le 30 janvier dernier : la différence de taux entre la France et l’Allemagne était de 61 points de base. Berlin a emprunté sur 10 ans à 0,45% et au même moment, Paris empruntait à 1,06%.

Les clients des bureaux de placement estiment que si Marine Le Pen est au deuxième tour, c’est un tangage assuré sur les perspectives économiques de la France. Donc ils retardent leurs investissements financiers en France. Bien sûr, le seul effet Le Pen n’explique pas tout mais il ne faut pas oublier que 60% de la dette française est aujourd’hui détenue par des fonds étrangers qui surveillent la situation comme le lait sur le feu.

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